La santé éclatante de l'économie allemande devrait lui permettre d'atteindre «environ 3% de croissance» cette année, un chiffre révisé jeudi en forte hausse par la Bundesbank et qui va faire des envieux en Europe.

«La dynamique conjoncturelle est favorable actuellement en Allemagne et la reprise devrait se poursuivre au second semestre», a estimé la Bundesbank dans son rapport mensuel.

Cette nouvelle prévision de la Bundesbank est largement supérieure à la précédente, publiée en juin (1,9%). L'institution se montre également plus optimiste que le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle, qui attend «bien plus de 2%» de croissance.

Autre signe positif, le déficit public allemand devrait être un peu moins élevé que prévu cette année. Il sera «nettement sous les 5%» du PIB, selon la Bundesbank. Elle prévoyait jusqu'ici simplement «moins de 5%» de déficit.

Bundesbank et gouvernement sont au diapason pour les années suivantes, avec une prévision de déficit de 4% en 2011 et 3% en 2012.

«Sans surprise après les publications récentes, la Bundesbank a adopté un ton nettement plus positif», a commenté Julian Callow, de Barclays Capital.

L'Allemagne avait défié la semaine dernière les prévisions des analystes, affichant une croissance de 2,2% au deuxième trimestre, du jamais vu sur un trimestre depuis la Réunification.

Sur l'année, un taux de croissance d'environ 3% du PIB ne serait toutefois pas inédit. Le précédent record date ainsi de 2006, avec une croissance de 3,4%, après 3,2% en 2000.

L'Allemagne, économie exportatrice qui réagit violemment aux soubresauts de la conjoncture mondiale, est une habituée des fortes variations: l'an dernier, elle avait plus souffert que beaucoup de pays européens avec une récession de 4,7%.

Signe que les rôles sont désormais inversés, la France a un objectif de croissance moitié moindre pour 2010 (1,4%), et le gouvernement français devrait revoir à la baisse la prévision pour 2011 (2,5%), jugée trop optimiste, lors de la présentation du budget attendue en septembre.

Berlin pourrait faire figure d'exception en zone euro. Pour l'ensemble de la région, la Commission européenne tablait ainsi début mai sur 0,9%, un chiffre qui doit être réactualisé mi-septembre.

Au niveau du rythme de reprise, l'Allemagne joue désormais dans la même cour que les Etats-Unis, qui tablent officiellement sur 3,2%.

Mais elle reste bien loin des chiffres stratosphériques de la Chine, où la Banque mondiale attend 9,5% de croissance cette année.

Comme la plupart des économistes, la Bundesbank estime toutefois que la performance allemande devrait désormais aller decrescendo et «le rythme de croissance se normaliser après un printemps exceptionnel».

«Le ralentissement probable des exportations devrait ralentir le rythme de croissance du PIB au second semestre», explique Jürgen Michels de Citi.

La Bundesbank répond à ce propos aux critiques des partenaires de Berlin, qui l'ont accusé de jouer avec son modèle exportateur contre le reste du camp européen, plutôt que d'encourager la consommation.

Les autres pays «profitent du rythme de croissance de l'Allemagne», dont les importations «ont connu une augmentation conséquente», explique-t-elle.

Et côté consommation, la Banque centrale voit rose. «Le marché du travail on ne peut plus robuste devrait continuer de soutenir la consommation», observe-t-elle.

Le marché du travail allemand s'est en effet montré très résistant pendant la crise, et l'emploi affiche depuis plusieurs mois un dynamisme qui ne cesse d'étonner les observateurs. Le taux de chômage s'est ainsi établi à 7,6% en juillet.