Le parlement allemand a donné son feu vert vendredi à la participation du pays au plan européen de plusieurs centaines de milliards d'euros de soutien à la zone euro, le jour où Berlin tentait à Bruxelles d'imposer une discipline budgétaire de fer à l'UE.

Deux semaines jour pour jour après l'adoption d'un plan de soutien très controversé à la Grèce, les députés du Bundestag, chambre basse du Parlement, se prononçaient sur une aide d'une toute autre ampleur, qui verra l'Allemagne contribuer jusqu'à 148 milliards d'euros à un mécanisme de prêts et de garanties pour ses partenaires les plus endettés.

Sur 587 députés présents, 319 ont voté oui, 73 non et 195 se sont abstenus. Les deux principaux partis d'opposition, sociaux-démocrates et verts, avaient appelé à s'abstenir. La chambre haute Bundesrat, qui représente les Etats régionaux, a validé la décision dans l'après-midi.

«Les marchés ne retrouveront la confiance que lorsque (le plan) sera adopté. C'est une réalité, les marchés regardent plus vers l'Allemagne que vers la Grèce ou Malte», avait déclaré le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, pressant les députés à se prononcer le plus rapidement possible.

Avant la première lecture du texte mercredi, Mme Merkel avait même évoqué un «euro en danger».

Les débats --menés encore une fois au pas de course-- ont rappelé ceux du début du mois, M. Schäuble invoquant la «responsabilité commune» pour l'euro, l'opposition reprochant au gouvernement son manque de fermeté.

Dans l'opinion, le plan massif de soutien des pays fragilisés de la zone euro, décidé dans l'urgence pour sauver la monnaie unique, a fait moins de vagues que l'aide à la Grèce, pour laquelle l'Allemagne va débourser au plus 22 milliards d'euros.

Mais la coalition gouvernementale est de moins en moins populaire, selon un sondage publié vendredi: l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel et son allié libéral (FDP) perdent chacun trois points en une semaine, à 38% et 3% d'intentions de vote respectivement.

Les députés ont réclamé en contrepartie de leur aval des engagements forts en matière de renforcement des mécanismes européens et de régulation financière.

Les ministres des Finances européens débattaient dans l'après-midi à Bruxelles d'une réforme du pacte de stabilité, et M. Schäuble devait y présenter une liste de propositions allemandes visant à convertir les partenaires de l'Allemagne à l'orthodoxie budgétaire.

Au menu, conditionnement des aides européennes à la discipline budgétaire, possibilité de retrait de leurs droits de vote aux mauvais élèves, introduction d'un plafonnement constitutionnel de l'endettement à l'allemande, ou encore création d'une procédure de mise en faillite d'un Etat membre.

Dans le cadre plus large du G20, Angela Merkel a promis de s'engager pour une taxation des marchés financiers, telle que son parti et, après un revirement spectaculaire même ses alliés libéraux, la réclament.

Toutes ces promesses n'ont pas suffi à amadouer l'opposition. «Vous devez envoyer des signaux clairs que vous placez vraiment les gens avant les marchés», a exigé lors du débat la députée sociale-démocrate Nicolette Kressl, mais «cela ne ressort pas» de vos actes, a-t-elle reproché à la chancelière.

Et on grogne même dans la majorité. Dans une interview vendredi, Horst Seehofer, président de la CSU, aile bavaroise de la CDU, a jugé pour sa part que la population se sentait «bafouée» par les allers et retours du gouvernement.