La Grèce a promis hier de nouvelles mesures pour purger ses finances en contrepartie de l'aide de l'UE et du FMI, tandis que les principaux dirigeants européens ont tenté de mettre une sourdine à leurs dissensions qui ont continué d'alimenter la défiance des marchés.

Reflétant la crainte des marchés que le plan d'aide ne tombe à l'eau du fait de l'intransigeance allemande, les taux des obligations grecques à 10 ans ont battu un nouveau record, dépassant les 9% pour la première fois depuis 2001.

Or, le temps presse, car la Grèce doit honorer le 19 mai une dette de 9 milliards d'euros (12 milliards CAN), et les conditions d'emprunt sur le marché sont «prohibitives», a prévenu le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.

Soucieuse de ramener le calme sur les marchés, l'Allemagne, dont l'Italie a critiqué hier la «rigidité», a infléchi sa position.

«Je le dis très clairement, l'Allemagne va aider (la Grèce), si les conditions sont remplies», a déclaré la chancelière Angela Merkel, qui s'est dite «confiante» dans la capacité de la Grèce à les satisfaire.

Il y va de «la stabilité de l'euro» et c'est donc «dans notre propre intérêt», a-t-elle ajouté.

Pénalisé par les incertitudes persistantes sur la mise en place du plan d'aide à la Grèce et le risque d'effet domino au sein de la zone euro, la monnaie unique poursuivait en effet sa baisse, à 1,3333 dollar hier soir.

Les taux des obligations portugaises se sont à leur tour envolés, faisant craindre une contagion de la crise grecque au Portugal, présenté comme le deuxième maillon faible de la zone euro.

Au nom également de la stabilité de la zone euro, la France, qui s'est montrée depuis le départ plus disposée à aider la Grèce, a une nouvelle fois appelé à une mise en oeuvre rapide du plan.

Son président Nicolas Sarkozy, de concert avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a ainsi jugé nécessaire «une action rapide et résolue contre la spéculation qui vise la Grèce, afin d'assurer la stabilité de la zone euro».

Dans une volonté de contenter l'Allemagne, M. Papaconstantinou a affirmé que la Grèce présenterait de nouvelles «mesures concrètes» pour réduire «radicalement» son déficit à l'issue des négociations conduites par l'UE et le FMI, prévues pour s'achever début mai.

À deux semaines d'élections régionales qui s'annoncent risquées pour la coalition gouvernementale, les ministres allemands s'étaient en effet relayés depuis vendredi pour laisser entendre que l'activation du plan n'avait rien d'acquis et que la Grèce devrait présenter un programme d'économies «crédible» pour y avoir droit.

Ce plan, dont la Grèce a demandé l'activation vendredi, s'étale sur trois ans. Il prévoit pour 2010 la mise à disposition d'environ 45 milliards d'euros sous forme de prêts, dont 15 milliards à la charge du Fonds monétaire international (FMI).

Au sujet des négociations en cours avec l'UE et le FMI, qui «avancent bien», M. Papanconstantinou a indiqué que son gouvernement ne privilégiait pas une baisse des salaires pour rendre l'économie grecque plus compétitive.

«La compétitivité est une question structurelle, une question de prix, elle n'est pas liée au niveau des salaires, qui sont de toute façon bas en Grèce», a-t-il dit à la presse.

Mais ces propos n'ont pas suffi à calmer les marchés. Même les obligations grecques à deux ans, pour lesquelles les investisseurs demandent d'habitude une prime de risque moins élevée, ont flambé pour atteindre 13%, et la Bourse d'Athènes a clôturé en baisse de 2,9%.

Emprunter sur les marchés est devenu «inabordable» pour la Grèce, a commenté Valérie Plagnol, stratégiste obligataire au CM-CIC.

En Grèce, les syndicats en lutte contre le plan de sauvetage et furieux des nouvelles mesures d'austérité qu'il devrait entraîner, multipliaient les mouvements de grève: hier, les ferries étaient à quai au Pirée, bloqués par une grève des marins. Aujourd'hui, les salariés des transports publics doivent cesser le travail pour six heures, alors que le principal syndicat de fonctionnaires prévoit une grande manifestation dans la soirée.

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Angela Merkel

Chancelière de l'Allemagne

«Je le dis clairement, l'Allemagne va aider (la Grèce) si les conditions sont remplies.»

«J'ai confiance» dans l'issue des négociations en cours entre le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le gouvernement grec.»

L'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro est exclue, «ce n'est pas une option».

Georges Papandréou

Premier ministre de la Grèce

La Grèce est comme «un bateau qui coule».

«Nous sommes confiants que cela (une entente) sera complété et que nous pourrons continuer à financer la dette grecque sans aucun problème.»

«La crise menace de démolir non seulement les efforts d'un peuple, mais aussi le fonctionnement de l'économie.»