Analystes et médias grecs se montraient mardi plutôt déçus de la méfiance des marchés face au nouvel emprunt de l'État grec, que le plan d'aide de l'Europe à Athènes n'a nullement dissipée et qui provoquait un nouvel envol des taux d'intérêt des obligations grecques.

La Grèce est retournée lundi sur les marchés en lançant un emprunt obligataire de 5 milliards d'euros sur sept ans, quatre jours après l'adoption par l'Union européenne d'un plan d'aide à Athènes. Mais la demande n'a atteint que 7 milliards d'euros, alors que les deux précédents emprunts avaient attiré cinq fois plus de demandes que d'offres.

Conséquence, les taux des obligations grecques n'ont toujours pas baissé et restaient largement au-dessus des 6%, soit plus du double du taux des obligations allemandes.

Le président de l'organisme gouvernemental de la gestion de la dette (ODDYH), Petros Christodoulou, a soutenu mardi que la pause de Pâques était en partie responsable du faible taux de participation et que des obligations de sept ans attiraient généralement moins d'acheteurs.

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, est allé plus loin en qualifiant de succès la nouvelle émission. La différence de taux entre l'emprunt grec et les obligations allemandes, référence dans la zone euro, qui est pour l'instant d'environ 328 points de base, va «graduellement diminuer», a-t-il assuré.

«Ce serait une grave erreur de penser que l'écart de taux chuterait juste après la décision du sommet de l'UE», a-t-il ajouté.

«Nous avions besoin d'aller sur le marché d'urgence pour réunir des fonds, afin de faire face à nos échéances d'avril et mai, sachant que les marchés fermeront pendant environ une semaine à Pâques», a encore expliqué le ministre.

L'obligation de lundi a couvert les besoins d'emprunt pour avril, mais le pays doit encore emprunter 12 milliards d'euros en mai, a précisé de son côté M. Christodoulou.

«Après l'annonce du plan de prêts bilatéraux et du FMI, beaucoup s'attendaient à une nette baisse des taux d'intérêt que la Grèce devrait payer pour sa dette. Mais cet espoir s'est révélé vain», s'est toutefois inquiété un analyste de la Commerzbank, Ulrich Leuchtmann.

«La situation de la Grèce à long terme ne peut qu'empirer, sauf si les taux baissent. Une hausse des remboursements d'intérêts risque ainsi d'annuler en partie l'éventuel succès de mesures d'économies pour réduire le déficit», a-t-il noté.

«Cela montre que les problèmes de la Grèce sont loin d'être terminés», a renchéri la Rabobank dans une note.

«Les nouvelles obligations sont fraîchement accueillies», titrait mardi le quotidien financier grec Naftemboriki.

M. Christodoulou a d'ailleurs annoncé que la Grèce avait souscrit à nouveau mardi à une obligation vieille de 20 ans à taux constant de 5,90% pour corriger «un manque technique», mais que le pays n'avait levé que 390 millions d'euros au lieu du milliard d'euros souhaité.

«Les troisième et quatrième trimestres vont être plus favorables pour le papier grec», car Athènes aura effectué le plus gros de ses émissions, a toutefois estimé Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

«C'est à ce moment qu'on pourrait voir une certaine normalisation, avec un +spread+ (différentiel avec l'obligation allemande à 10 ans) à 100-200 points de base», a-t-il ajouté.

Pour continuer à refinancer sa dette publique de 300 milliards d'euros, la Grèce avait besoin au total de près de 54 milliards d'euros en 2010.

Athènes a déjà lancé deux emprunts les 25 janvier et 4 mars, d'échéance de cinq et 10 ans, permettant de lever un total de 13 milliards.