La productivité a reculé en 2009 dans la zone euro, du fait de la récession, mais elle a continué à augmenter aux États-Unis, creusant l'écart entre les deux régions, selon un rapport publié mercredi par  un institut d'études économiques, le Conference Board.

Dans les 16 pays de la zone euro, la productivité a baissé l'an dernier de 1%, en termes de production par heure, après deux années de ralentissement de sa croissance. En revanche, elle a augmenté de 2,5% aux États-Unis.

«Il y a des différences de croissance de productivité inhabituellement importantes entre les États-Unis et l'Europe», a commenté Bart Van Ark, économiste en chef du Conference Board.

«Les employeurs américains ont réagi beaucoup plus fortement à la récession que leurs homologues européens en matière de suppression de postes et de réductions de temps de travail», a-t-il ajouté.

À la différence des États-Unis, où l'ajustement en termes d'emploi a été brutal, la plupart des pays européens ont préférer éviter autant que possible de licencier et encourager le chômage partiel face à la baisse de l'activité. Une rétention de main d'oeuvre qui a entraîné ces baisses de productivité.

Pour cette année, l'institut table cependant sur une reprise significative de la productivité européenne, qui devrait augmenter de 2%. Elle devrait croître de 3% aux États-Unis.

«En 2010, tant l'Europe que les États-Unis verront une croissance plus importante de leur productivité, en raison de la sortie de la récession. Cependant, le scénario le plus probable dans les deux régions est celui d'une reprise de la productivité sans emplois», selon l'économiste du Conference Board.

Les deux régions sont sorties de la récession au troisième trimestre 2009, mais la reprise est encore fragile. Le chômage, qui réagit toujours avec un décalage par rapport à l'évolution de la conjoncture, vient d'atteindre les 10% dans la zone euro et devrait continuer à augmenter en 2010.

En Allemagne, première économie de la zone euro qui a particulièrement encouragé le chômage partiel pour sauvegarder l'emploi, la productivité a nettement baissé, de 2,2%. Elle devrait repartir fortement en 2010 (+2,8%).

La France a fait mieux que la moyenne de la zone euro, avec une légère augmentation de sa productivité (+0,3%). Elle devrait croître de 1,8% cette année.

Dans l'ensemble du monde, la productivité a baissé en 2009, de 1% en termes de production par travailleur, entrant en territoire négatif pour la première fois depuis 19 ans, selon les chiffres du Conference Board. Elle devrait repartir nettement à la hausse cette année, avec une croissance de 2,2%.

En 2009, les pays émergents, la Chine en tête, ont mieux tiré leur épingle du jeu que les pays industrialisés, précise l'institut.

L'augmentation de productivité a atteint 8,2% l'an dernier en Chine, essentiellement en raison de mesures de soutien gouvernementales aux entreprises d'Etat. Elle devrait atteindre 7,7% en 2010.

«Les économies émergentes deviennent des compétiteurs mondiaux avec lesquels il faut compter, en termes de forte croissance de leur productivité, et pas seulement de bas coûts», a souligné Bart Van Art.