Robert Louis-Dreyfus, décédé samedi, était un don Juan des affaires, estime Jacques-Olivier Martin, journaliste au quotidien Le Figaro qui a adapté avec l'auteur Jean-Claude Bourdon, journaliste à la Croix, un livre consacré au milliardaire.

«Il avait un profil d'entrepreneur extrêmement original: sa passion, l'oeuvre de sa vie, c'était de reprendre des affaires en difficulté, de les redresser et une fois qu'il les avait redressées, de les abandonner pour fondre sur une nouvelle proie», explique M. Martin.

«Il n'a pas constitué d'empire comme beaucoup de capitalistes que l'on connaît en France ou ailleurs. Son plaisir, c'était le redressement d'une entreprise et l'argent, c'était le baromètre pour mesurer le succès du sauvetage qu'il avait opéré», ajoute M. Martin, dont l'ouvrage paru en 2007 est actuellement épuisé.

Pour expliquer cette attitude atypique, M. Martin souligne le caractère épris de liberté de Robert Louis-Dreyfus. «C'est l'aventure qui lui plaisait. Surtout ne pas amasser, car amasser, c'était rester collé dans quelque chose».

A 34 ans, il a claqué la porte du gigantesque groupe Louis-Dreyfus, fondé pas son arrière-grand-père il y a plus de 150 ans et spécialisé dans le négoce des matières premières, pour vivre ses aventures. «Il a fait l'essentiel de sa fortune lui-même. Mais il a compris qu'il l'a faite aussi car il possédait un patronyme extraordinaire, celui de Louis-Dreyfus».

«Peut-être ne s'est-il pas attaché à créer une société, car il savait que tôt ou tard il faudrait revenir dans ce groupe Louis-Dreyfus pour le pérenniser pour ses héritiers. En 2006, il a fini par racheter le contrôle majoritaire du groupe et il l'a logé dans une fondation, dans le but de le pérenniser», juge M. Martin.

Ses trois principales proies: une société d'études de marché dans le secteur médical aux Etats-Unis (IMS), qu'il transforme en jackpot, de 1981 à 1989, puis l'agence de pub londonienne Saatchi et Saatchi (PDG de 1989 à 1993) et l'équipementier sportif allemand Adidas, dont il fut patron de 1993 à 2001 et qu'il a ramené aux bénéfices.

"Des opérations de cette ampleur-là dans la carrière d'un homme d'affaires c'est quelque chose d'exceptionnel, je pense même qu'il n'y a pas d'équivalent", met en avant M. Martin.

Pour l'aider dans ces sauvetages, il opérait avec une «bande de mercenaires», qu'il avait notamment connu chez IMS, raconte-t-il.

Le journaliste du Figaro met également en exergue «la passion des marques» de Robert Louis-Dreyfus «qu'il a découvert chez Saatchi et Saatchi». «C'est aussi pour cela qu'il se lance dans l'aventure Adidas, car c'est l'une des plus belles marques au monde».

Avec les marques, il faut communiquer. «Et M. Louis-Dreyfus aimait réfléchir à la communication, aux campagnes de publicité, et au marketing», raconte-t-il.

Des activités qu'il n'avait pas expérimentées dans le groupe Louis-Dreyfus, société très discrète, pratiquant du «Business to BusinessZ, c'est-à-dire des échanges entre un fournisseur de produits intermédiaires et un producteur distribuant au consommateur final.