Le taux d'inoccupation a chuté en flèche dans les six immeubles originaux de la Cité du multimédia. Il est passé de 31% au début de l'an dernier à 7,7% aujourd'hui, a appris La Presse Affaires.

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Le quartier, situé dans l'ouest du Vieux-Montréal, a souffert de la fin des crédits d'impôt du gouvernement québécois à partir de 2009. Plusieurs entreprises qui s'y étaient installées pour bénéficier de ce programme ont alors plié bagage, faisant exploser le nombre de bureaux inoccupés.

La saignée a été particulièrement intense vers la fin de 2010, alors que d'importants locataires comme CGI sont partis. Puis, le vent a commencé à tourner au printemps 2011, quand la société papetière AbitibiBowater (Produits forestiers Resolu) a annoncé le déménagement de son siège social dans la Cité. Desjardins y a loué un important bloc de bureaux quelques mois plus tard, confirmant l'intérêt d'entreprises sans lien avec le multimédia pour le quartier.

«On a arrêté d'être snobés», résume André Plourde, président du Groupe immobilier de Montréal, mandataire de location du propriétaire Allied. «Il n'y a pas si longtemps, Desjardins et AbitibiBowater ne se seraient pas installés ici.»

Un autre important locataire non technologique - la firme d'ingénierie CIMA+ - vient de signer un bail pour louer environ 40 000 pieds carrés dans la Cité. Le groupe y déménagera «quelques centaines» d'employés pour concentrer les activités de sa division minière, en pleine effervescence grâce au Plan Nord du gouvernement québécois, a confirmé hier le vice-président directeur de CIMA+, François Plourde.

Le taux d'inoccupation de deux immeubles en particulier a fortement régressé depuis janvier 2011. Celui du 87, rue Prince, est passé de 37,6% à 0%, tandis que celui du 111, rue Duke, a glissé de 52,4% à 6,5%. C'est dans ce dernier immeuble que se sont installés AbitibiBowater et Desjardins.

Selon André Plourde, la faiblesse globale du taux d'inoccupation des bureaux à Montréal - et la rareté des gros ensembles de locaux contigus - renforce l'attrait de la Cité du multimédia. Au premier trimestre de 2012, le taux d'inoccupation se situe à 7,4% dans les quartiers centraux de la métropole, et à 10,1% dans le Vieux-Montréal, indique la firme CBRE.

Sept phases

La Cité a été érigée en sept phases entre 1999 et 2003. Québec a offert de généreuses subventions aux entreprises qui s'y sont installées en vue de stimuler l'émergence d'une industrie locale du multimédia. Le programme a permis de remplir les immeubles à pleine capacité, même si leurs loyers étaient plus chers qu'ailleurs en ville.

Le fonds de placement immobilier torontois Allied Properties a racheté en 2007 les sept phases de la Cité, qui totalisent 956 000 pieds carrés répartis dans six immeubles. Allied a payé 242 millions de dollars pour le complexe.

Ce groupe d'immeubles, répartis entre les rues Queen, Prince, Wellington et Duke, constitue le coeur de la Cité du multimédia. Le secteur plus vaste du Faubourg de récollets, délimité par les rues McGill à l'est, Duke à l'ouest, de la Commune au sud et Notre-Dame Ouest au nord, connaît encore un taux d'inoccupation global élevé.

Selon les données fournies par la firme Devencore, le taux d'inoccupation des bureaux atteignait 23,1% dans le quartier au quatrième trimestre de 2011. Il s'agit malgré tout d'une baisse marquée par rapport aux 36,6% enregistrés un an plus tôt.

André Plourde, du Groupe immobilier de Montréal, estime que tout ce secteur «s'est amélioré et va continuer à s'améliorer beaucoup plus dans les prochaines années». En effet, plusieurs projets de condos sont prévus ou en construction dans le quartier, et des bars, restaurants et boutiques branchés y ouvrent régulièrement.

«On est près d'où les jeunes sortent, d'où les employés habitent, fait-il valoir. Les gens veulent pouvoir sortir proche de leur lieu de travail.»

Le démantèlement prévu de l'autoroute Bonaventure, qui délimite l'est de la Cité du multimédia, devrait par ailleurs améliorer l'attrait du quartier d'ici quelques années.