La fièvre olympique est passée depuis plus d'un an à Vancouver, mais la folie immobilière est loin de s'être calmée dans la ville. Le prix moyen des propriétés a explosé de presque 20% le mois dernier par rapport à février 2010, ce qui a fait grimper de 8,8% la valeur de revente moyenne à l'échelle du pays.

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Gregory Klump, économiste en chef de l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), attribue ce bond immense au «nombre record de ventes d'une valeur de plusieurs millions de dollars» réalisées dans le Grand Vancouver. Le prix moyen y atteint 791 000$, un montant en total décalage avec la valeur de revente moyenne de 365 000$ affichée dans l'ensemble du Canada en février.

L'écart est tellement grand que le prix moyen serait 12% plus faible à l'échelle nationale si on écartait Vancouver des calculs, a souligné Douglas Porter, économiste à la BMO. «Nul besoin de dire que toute inquiétude véritable quant à une bulle immobilière au Canada est très concentrée géographiquement (à Vancouver).»

En excluant ce marché survolté de l'Ouest canadien, le prix moyen aurait reculé de 3,4% sur un an au Canada en février, a indiqué l'ACI dans son rapport mensuel, hier.

Financement hypothécaire

L'appréciation des prix a été constante depuis 12 mois au pays, au point où la valeur moyenne atteint un sommet de tous les temps. L'ACI prévient toutefois qu'il faudra s'attendre à voir cette vigueur s'atténuer au cours des prochains mois. «Les gains qu'a accusés le prix moyen national pourraient subir un recul une fois que les règlements plus rigoureux sur les prêts hypothécaires entreront en vigueur en mars», a souligné Gregory Klump.

Ottawa imposera vendredi son troisième tour de vis depuis 2008 dans le financement des maisons. La durée maximale des prêts assurés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) passera de 35 à 30 ans, et les propriétaires pourront seulement refinancer 85% de la valeur marchande de leur résidence, comparativement à 90% aujourd'hui.

L'entrée en vigueur de ces mesures devrait causer un certain ralentissement de la demande -donc des prix-, puisqu'une certaine frange des acheteurs potentiels sera écartée du marché, surtout dans les villes où les maisons sont les plus chères. Déjà, le nombre de transactions a reculé de 5,9% le mois dernier au pays par rapport à février 2010.

Cette baisse n'a cependant rien d'alarmant, selon l'ACI. L'organisme souligne que les ventes correspondent au niveau moyen des mois de février des cinq dernières années.

Malgré un certain essoufflement du marché, Pascal Gauthier, économiste principal à la TD, se montre assez optimiste. «Les ventes devraient continuer à être bien soutenues par plusieurs facteurs, a-t-il indiqué dans un rapport. Cela inclut une toile de fond favorable en matière de croissance de l'emploi et des revenus, ainsi que des bas taux d'intérêt.»

La Banque Royale a justement annoncé hier une baisse de ses taux hypothécaires. Le taux fixe affiché de cinq ans recule de 0,10%, à 5,34% (et est offert en promotion à 4,19%). Le courtier Multi-Prêts offre pour sa part des taux aussi bas que 3,81% sur cinq ans.

Dans son ensemble, le marché canadien demeure «bien équilibré», souligne l'ACI. Le nombre de mois qu'il faudrait pour écouler tout le stock de maisons à vendre atteint 5,7 mois, une légère hausse par rapport aux 5,5 mois affichés en février.

Prix moyens en février*

Montréal: 300 500$ (+4,6%)

Québec: 244 300$ (+7,4%)

Toronto: 454 500$ (+5,3%)

Vancouver: 791 600$ (+19,4%)

Calgary: 400 900$ (+3%)

Ottawa: 337 800$ (+5,9%)

CANADA: 365 200$ (+8,8%)

*Données non désaisonnalisées, tout type de propriétés confondu. Variation en% sur un an.

Source: ACI