La hausse surprise de deux indicateurs immobiliers publiés lundi aux Etats-Unis après plusieurs autres meilleurs (ou moins mauvais) que prévu, vient renforcer l'espoir renaissant pour l'économie américaine, même si les analystes mettent en garde contre tout excès d'entrain.

Alors que les investissements des ménages américains dans le logement sont en baisse continue depuis plus de trois ans, le département du Commerce a estimé que les dépenses de construction avaient augmenté de 0,3% en mars par rapport à février, en données corrigées des variations saisonnières.

Cette hausse, qui met fin à cinq mois de baisse consécutifs, a pris à contre-pied les analystes qui les attendaient en recul de 1,7%.

Autre indicateur bien meilleur que prévu, celui des promesses de ventes de logements. Elles ont affiché en mars une hausse pour le deuxième mois d'affilée, de 3,2% par rapport à février, selon l'Association nationale des agents immobiliers (NAR). Les analystes les attendaient stables.

«Cette hausse des promesses de ventes pendant deux mois de suite est positive dans la mesure où elle montre que des logements plus abordables (du fait de taux d'emprunt plus bas et de prix fortement réduits) et un soutien de l'Etat (un crédit d'impôt de 8.000 dollars pour ceux qui achètent pour la première fois) commencent à avoir un effet sur les ventes», note Elsa Dargent, économiste de Natixis.

Le niveau des promesses de ventes et des dépenses de construction reste malgré tout très bas.

Cependant, alors que commence à s'installer l'idée que le pire de la récession pourrait être passé, la nouvelle de leur hausse a soufflé un vent d'enthousiasme sur Wall Street, tant la reprise du marché de l'immobilier (par lequel la crise est arrivée) et de la construction est perçue comme une des clefs du redressement de l'économie américaine.

 Examinées plus en détail, ces statistiques ne sont pas entièrement rassurantes.

Les chiffres du ministère du Commerce montrent que les dépenses de constructions privées, qui représentent plus des deux tiers de l'ensemble des dépenses de construction, ont continué de reculer.

Certes leur baisse a fortement ralenti en mars, à -0,1%, mais les dépenses privées consacrés à la construction de logements restent très déprimées, avec un nouveau recul de -4,2%.

Celles-ci ne représentaient plus en mars que 26% du total des dépenses de construction américaines, contre encore 36% un an plus tôt et 45% en juillet 2007, juste avant l'explosion de la crise des crédits immobiliers à risques à l'origine de la récession actuelle.

Pour Patrick Newport, économiste de IHS Global Insight, «la construction se relève d'un pouce, mais cette hausse ne durera pas».

Relevant que les dépenses pour la construction de maisons individuelles ont reculé pour le 37e mois d'affilée en mars, et qu'elles ont cédé encore 8,6%, après leur baisse record de 11,0% en février, M. Newport fait remarquer que la hausse de l'indicateur vient essentiellement du secteur hors-logement où l'offre de bâti (bureaux ou locaux commerciaux) est déjà trop abondante.

Plusieurs enquêtes montrent que les ménages profitent de la forte baisse des taux d'emprunt immobilier pour refinancer leurs emprunts existants à des conditions plus avantageuses, plutôt que pour financer de nouveaux achats ou de nouveaux chantiers.

«Le problème principal reste celui de la construction privée de logements», relève Andres Carbacho-Burgos, économiste de Moody's Economy.com, pour qui cette composante pourrait toucher le fond cette année mais ne devrait «pas se reprendre véritablement avant 2010».