Les créations d'emplois ont bondi en février aux États-Unis et le taux de chômage s'est maintenu à 4,1%, mais les salaires n'augmentent guère dans une économie qui affiche pourtant sa bonne santé.

Dopée notamment par les réductions d'impôts aux entreprises, l'économie américaine a massivement embauché le mois dernier, créant 313 000 emplois. C'est leur plus haut niveau en un an et demi et largement 100 000 de plus que ce que prévoyaient les analystes.

Selon les chiffres du département du Travail vendredi, le taux de chômage est resté à 4,1%, au même niveau que depuis cinq mois mais c'est pour une bonne raison. Cela reflète une arrivée en masse de nouveaux entrants sur le marché du travail (+806 000). Le taux de participation à l'emploi a ainsi grimpé à 63% retrouvant ses niveaux de septembre dernier.

Les chiffres des deux mois précédents ont en outre été révisés en hausse de 54 000.

Quasiment tous les secteurs ont fortement embauché. Le secteur de la production de biens a affiché 100 000 nouveaux postes, un sommet depuis plus d'un an dont 61 000 pour le bâtiment et 31 000, un chiffre solide, pour les industries manufacturières, soutenues notamment par les dérégulations de l'administration Trump.

Le commerce de détail enregistre aussi un très bon score avec plus de 50 000 créations d'emplois qui compensent les mauvaises performances de la fin de l'année. Les emplois publics, dopés par les embauches dans les écoles dans les Etats, a grimpé à 26 000, un plus haut depuis juillet 2016.

Mauvaise surprise

La mauvaise surprise - pour les employés en tout cas, si ce n'est pour ceux qui craignent l'inflation - réside dans le fait que les salaires ont à peine augmenté. Dans ce marché de l'emploi qui devient de plus en plus étroit les employeurs sont censés offrir de meilleures rémunérations pour attirer ou garder les salariés.

Or, la hausse du salaire horaire pour le mois n'est que de 0,15%, ce qui porte à seulement 2,6% l'augmentation annuelle, à peine au-dessus de l'inflation.

Le mois dernier, les marchés avaient cru à un signe de retour de la hausse des salaires et des prix lorsque l'augmentation des rémunérations en rythme annuel avait grimpé à 2,8%.

Wall Street avait piqué du nez, entamant une période de volatilité jamais vue depuis deux ans, les acteurs financiers craignant que la Fed ne resserre les taux d'intérêt plus vite pour apaiser la surchauffe.

Mais comme l'a dit le nouveau patron de la Fed Jerome Powell la semaine dernière, avec l'économie qui accélère grâce au stimulus fiscal, «les augmentations de salaires devraient intervenir bientôt». Alors que la Fed prévoit pour l'instant trois hausses de taux cette année, dont la première sans doute le 21 mars, il a assuré que l'économie n'était «pas en surchauffe».

Cela n'empêche de nombreux économistes, comme de Capital Economics, de penser que la banque centrale devra plutôt resserrer la vis monétaire quatre fois.

Un tout récent rapport de conjoncture, le Livre Beige, publié mercredi par la Fed, a montré combien les entreprises dans de nombreux secteurs avaient désormais des difficultés à pourvoir des postes, commençant à offrir bonus, horaires plus flexibles, et autres avantages sociaux pour attirer les employés compétents.

Mais pour la Maison-Blanche, les hausses de salaires sont déjà là, comme l'a affirmé sur la chaîne CNBC Mark Short, conseiller aux affaires législatives. Il semblait remplacer au pied levé Gary Cohn le conseiller économique en chef sur le départ après son opposition aux taxes protectionnistes sur l'acier.

Mark Short a affirmé que depuis la réduction des impôts sur les sociétés qui abaisse leur fiscalité de 31% à 25%, 432 compagnies ont annoncé des primes et augmentations de salaires en en faisant bénéficier 4,4 millions d'employés (le nombre de salariés aux États-Unis est de 155 millions).

Interrogé sur l'impact négatif sur l'emploi manufacturier que pourrait avoir les taxes sur l'acier, M. Short n'a pas répondu. Mais, selon Oxford Economics, ces mesures, en renchérissant le prix de ce matériau, risquent de faire perdre 80 000 emplois.

Globalement, le nombre de chômeurs est resté quasiment inchangé en février à 6,7 millions et les emplois à temps partiel, faute de trouver mieux, ne faiblissent pas, à 5,2 millions.

Alors que le président Trump se félicite d'avoir réduit le taux de chômage des minorités, le taux de sans-emploi des noirs est en effet passé de 7,7% en janvier à 6,9% le mois dernier. Il n'en reste pas moins bien supérieur à celui des blancs qui est de 3,7%.