La croissance économique américaine a donné vendredi de nouveaux signes de solidité au deuxième trimestre, sous l'oeil attentif de la banque centrale qui devrait être confortée dans son intention de relever ses taux directeurs d'ici à la fin de l'année.

Le produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 3,9 % en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières au deuxième trimestre, marquant un rebond après un premier trimestre faible (+0,6 %) en raison de l'hiver.

Visiblement aidés par la chute des prix de l'énergie, qui libère du pouvoir d'achat, les consommateurs ont encore une fois nettement tiré la croissance. Leurs dépenses, qui comptent pour les deux tiers du PIB américain, ont affiché une hausse de 3,6 %, la plus forte depuis le dernier trimestre 2014.

Les analystes de Barclays Research affirment que grâce au bas prix de l'essence et à l'amélioration du marché du travail, ce rythme de consommation «va se poursuivre au cours des prochains trimestres».

Autre bonne nouvelle, les investissements des entreprises ont nettement accéléré, progressant de 4,1 %, tandis que les exportations ont retrouvé des couleurs (+5,1 %) malgré l'appréciation du dollar.

Les dépenses publiques sont reparties dans le vert, signant leur plus forte augmentation depuis cinq ans, surtout grâce aux investissements des États et des collectivités locales.

La Maison-Blanche s'est félicitée du fait que «ce rebond soit tiré par de fortes dépenses de consommation».

«Sur le premier semestre 2015, la demande intérieure est restée robuste même si la plus faible demande extérieure et la diminution des investissements dans l'exploitation pétrolière ont pesé sur la croissance», a affirmé Jason Furman, qui préside le Cercle des conseillers économiques de la Maison-Blanche.

Même s'ils remontent déjà à trois mois, ces bons chiffres font écho à la confiance exprimée par Janet Yellen, la présidente de la Banque centrale, dans les perspectives «solides» de l'économie américaine.

Mme Yellen a affirmé jeudi qu'elle penchait personnellement, ainsi que la plupart des membres du Comité monétaire de la Fed (FOMC), pour une première hausse des taux d'intérêt «plus tard dans l'année».

Majorité du Comité monétaire

Un autre membre du FOMC, James Bullard, de l'antenne régionale de la Fed de Saint Louis, a ajouté vendredi qu'«une grande majorité du Comité prévoyait que la normalisation monétaire commence cette année» après sept ans de taux proches de zéro.

Ce serait le premier resserrement des conditions de crédit depuis près de dix ans, la dernière hausse des taux à court terme de la Fed remontant à juin 2006. Depuis la crise financière de 2008, ces taux au jour le jour ont été maintenus à un niveau plancher pour fluidifier le crédit et doper la reprise.

Il reste à la Fed deux occasions cette année pour relever ses taux directeurs: au cours des réunions des 27 et 28 octobre ou des 15 et 16 décembre.

Pour l'économiste en chef d'IHS, Nariman Behravesh, la vigueur généralisée de l'économie risque de faiblir un peu au troisième trimestre du fait d'une accumulation des stocks. Cet économiste, qui prévoit un ralentissement de la croissance entre 2 % et 2,5 % de juillet à septembre, mise sur une possible hausse des taux d'intérêt en décembre.

Chris Williamson, de Markit, est moins impressionné par les bons chiffres du deuxième trimestre qui ne sont qu'une «vision rose dans le rétroviseur».

«Ce qui importe, ce sont les indicateurs prospectifs, qui comptent plusieurs signaux d'alarme avertissant que la croissance ralentit face à un dollar plus fort, à la chute des prix du pétrole, à la volatilité des marchés financiers et à la nervosité des économies émergentes», affirme M. Williamson. Il pense qu'une hausse des taux va se faire attendre.

Comme le souligne Chris Low de FTN Financial, il ne faut pas oublier la mise en garde de Janet Yellen dans son discours vendredi: «si l'économie nous surprend, nous changerons notre appréciation sur la politique monétaire à suivre», a-t-elle averti.