L'américain Maurice Obstfeld, un des conseillers économiques du président, Barack Obama, a été nommé économiste en chef du Fonds monétaire international, a annoncé l'institution lundi.

Ce professeur à l'université de Berkeley (Californie, ouest), spécialiste d'économie internationale, remplacera à partir de début septembre le Français Olivier Blanchard, qui occupait ce poste depuis septembre 2008.

M. Obstfeld, qui avait rejoint l'équipe des conseillers économiques de la Maison-Blanche en juin 2014, aura notamment la lourde tâche de superviser le plan de sauvetage de la Grèce auquel le FMI est associé depuis 2010 aux côtés de la Commission européenne et la Banque centrale européenne.

«Ses remarquables références académiques et sa riche expérience internationale le placent dans une position exceptionnelle pour apporter un leadership intellectuel au FMI à ce moment charnière», a commenté la patronne du FMI, Christine Lagarde, qui a procédé à cette nomination.

Âgé de 63 ans, M. Obstfeld, dont le surnom est «Maury», a notamment été conseiller auprès de la banque centrale japonaise et a travaillé sur la question des déficits et des flux de capitaux, notamment en Europe.

Dans un article publié en mai 2014, il expliquait ainsi que la naissance de l'euro avait créé une situation dans laquelle prêter à des pays de la périphérie de la zone euro, comme la Grèce, était «extrêmement attractif» pour les banques du noyau dur de la région.

«Ce schéma a planté le décor pour le diabolique cercle vicieux (d'endettement, ndlr) entre les banques et les États qui a été un puissant moteur de la récente crise de la zone euro», écrivait-il dans cet article publié sur vox.eu.

Cet expert a été préféré à plusieurs femmes économistes, dont la Française Hélène Rey, dont le nom était souvent cité pour prendre la relève de M. Blanchard, nommé par Dominique Strauss-Kahn.

Avec ce choix, Mme Lagarde, qui envisage de briguer un nouveau mandat en 2016, compte s'appuyer sur un expert chevronné co-auteur avec le Prix Nobel d'économie Paul Krugman d'une somme sur l'économie internationale («International Economics: Theory and Policy»).

Il s'agit également d'un spécialiste de la volatilité sur les marchés financiers, une compétence qui pourrait s'avérer fort utile au moment où la banque centrale américaine s'apprête à relever ses taux avec des conséquences mondiales imprévisibles.

«M. Obstfeld est un économiste exceptionnellement talentueux et sagace qui a réalisé des travaux révolutionnaires dans la finance internationale», assure à l'AFP Eswar Prasad, ancien membre du FMI et professeur à l'Université de Cornell.

En nommant un Américain, Mme Lagarde prend toutefois le risque de froisser les pays émergents qui critiquent souvent la sur-représentation des Occidentaux dans l'institution.

Depuis sa création en 1944, le FMI a toujours été dirigé par un Européen, en vertu d'une règle non écrite qui réserve par ailleurs aux Américains la présidence de la Banque mondiale.

Depuis le début des années 90, trois des cinq derniers économistes en chef du FMI étaient américains.

Selon M. Prasad, la nationalité du nouvel impétrant est toutefois indifférente. «L'expérience de M. Obstfeld dans les affaires publiques lui confère une crédibilité dans les cercles financiers internationaux mais également auprès des dirigeants des marchés émergents», affirme-t-il.