Les ventes au détail aux États-Unis ont stagné en avril, décevant les attentes des analystes qui se demandent quand interviendra le réveil tant attendu des consommateurs.

L'indice des ventes et des détaillants et restaurants est demeuré inchangé pour avril, premier mois du deuxième trimestre, a indiqué mercredi le département du commerce. C'est une performance décevante alors que sur le papier tout plaidait pour un rebond, de la sortie de l'hiver prolongé aux dollars théoriquement économisés grâce aux bas prix de l'essence.

Les analystes misaient sur une hausse de 0,2%.

Sur un an, les ventes de détail ne sont qu'en très légère progression de 0,9%, le rythme d'augmentation le plus médiocre depuis octobre 2009, au sortir de la récession.

De décembre à février, elles sont restées dans le rouge du fait de l'hiver rigoureux pour rebondir légèrement en mars (+1,1%) avant de s'éteindre en avril.

Ce modèle fait même moins bien que l'année passée. En 2014, un hiver également exceptionnel avait fortement déprimé les ventes au détail, mais celles-ci avaient nettement rebondi dès février pour afficher ensuite trois mois consécutifs de franche hausse.

«Ce n'est pas un bon départ pour la croissance du 2e trimestre», s'inquiétait Jennifer Lee de BMO Capital Market alors que certains commencent à douter que l'atonie du 1er trimestre (croissance du PIB de +0,2%) ait été seulement due à des facteurs temporaires comme le mauvais temps.

«Les Américains restent prudents, utilisant la hausse du salaire réel pour réduire leur endettement», estimait Kit Juckes, un expert de la Société générale.

La consommation représente le moteur de l'économie américaine, entrant pour deux tiers dans le produit intérieur brut. Mais les ventes au détail ne constituent qu'une part minoritaire des achats des consommateurs qui dépensent davantage dans les services.

Les Américains vont au restaurant

En avril, de nombreux secteurs sont retombés dans le rouge comme l'automobile (-0,4%), l'ameublement (0,9%) ou les grands magasins (-0,5%). Les achats d'habillement, de produits de loisirs et même de matériaux de construction, habituellement en nette hausse au printemps, ont ralenti leur progression.

Parmi les rares gagnants figurent les bars et restaurants (+0,7%) et les dépenses de santé. «Je crois qu'on peut dire que les quelques dollars épargnés» grâce aux bas prix de l'essence, «encouragent les gens à manger de nouveau dehors», commentait l'économiste indépendant Joel Naroff. «C'est bien (...), mais les consommateurs n'achètent rien qui coûte cher», se désole-t-il.

Chris Christopher d'IHS Global Insight discernait le même schéma: «on dirait que quand les prix de l'essence sont plus bas, les Américains vont au restaurant. Ce qui cannibalise leurs dépenses dans les supermarchés.»

Un responsable de la Réserve fédérale, Dennis Lockhart, s'étonnait récemment de la timidité de la consommation : «mais que se passe-t-il avec le consommateur ? C'est une énigme !».

«La récente baisse des prix de l'essence aurait dû doper les dépenses. Au lieu de cela, on assiste à une vive augmentation, de près d'un point, du taux d'épargne au 1er trimestre qui est passé de 4,6% à 5,5%», a ajouté ce responsable.

«Il semble que les ménages utilisent cet argent économisé à la pompe pour rembourser leurs emprunts ou épargner davantage», estime aussi Chris Christopher.

Les économistes demeurent pourtant dans l'ensemble confiants quant à un rebond de la consommation dans les mois qui viennent. «Les fondamentaux qui influencent les dépenses, que ce soit la croissance des revenus et de l'emploi ou la confiance des ménages, continuent de suggérer une meilleure tendance que ce que les données ont montré jusqu'ici», assurait Jim O'Sullivan économiste en chef pour les États-Unis d'High Frequency Economics.