L'économie américaine prend du mieux. À tel point que la Réserve fédérale (Fed) n'hésite plus à le confirmer et à donner des signes que le début de la normalisation de sa politique monétaire approche.

C'est donc sans surprise que son comité de politique monétaire a annoncé hier qu'il réduit à nouveau de 10 milliards US en tout par mois le rythme de ses achats d'obligations à long terme du Trésor (de 20 à 15 milliards US) et de titres adossés à des créances hypothécaires (de 15 à 10 milliards US).

«Les risques pour l'activité économique et le marché du travail sont presque équilibrés, jugent les autorités monétaires américaines. La probabilité que l'inflation demeure sous les 2% de façon persistante diminue quelque peu.»

Dans les communiqués précédents, la Fed affirmait plutôt que la faiblesse persistante de l'inflation sous la cible de 2% pouvait compromettre la performance économique.

Bien sûr, cette amélioration de l'activité économique et des conditions du marché du travail ne l'empêche pas de reconduire la fourchette d'évolution de son taux directeur, qui est de 0% à 0,25% depuis décembre 2008.

Dissidence

Le communiqué précise de nouveau que, même après que l'inflation et l'emploi auront atteint les taux compatibles avec le double mandat de la Fed (inflation à 2% et emploi maximum), «les conditions économiques pourraient justifier pendant un moment le maintien d'un taux directeur plus faible» que ce qui est considéré comme normal à long terme.

La reconduction de cette phrase a cependant provoqué la dissidence de Charles Plosser, de la Réserve de Philadelphie. À son avis, les progrès observés ne la justifient plus.

Il s'agit de la première dissidence depuis le mois de mars, qui marquait aussi l'arrivée à la présidence de Janet Yellen.

On doit s'attendre à ce que les débats à la Fed deviennent plus difficiles quand elle aura mis fin à sa détente quantitative. La plupart des observateurs s'attendent à ce que le tout soit annoncé à la réunion des 28 et 29 octobre. La Fed a néanmoins réitéré hier que le rythme de diminution des achats de titres n'est pas préétabli.

Les indicateurs économiques récents montrent que l'économie prend du mieux, à l'exception de l'immobilier résidentiel.

À 6,1%, le taux de chômage est à son plus bas depuis l'automne 2008, bien que le bassin de main-d'oeuvre soit toujours sous-utilisé, selon la Fed. Le risque de déflation s'est évanoui. La Fed admet que la croissance a rebondi au deuxième trimestre.

Des chiffres surprenants

Plus tôt en matinée, le département du Commerce avait publié une première estimation de l'expansion printanière. À 4% en rythme annuel, elle devance d'un point la prévision médiane des économistes.

Surtout, les révisions des trimestres précédents montrent maintenant que la décroissance du premier trimestre aura plutôt été de 2,1% (au lieu de 2,9%). Le rythme d'expansion de la seconde moitié de 2013 a aussi été bonifié, de sorte que la croissance de 2013 est désormais estimée à 2,2% au lieu de 1,9% (comparativement à 2% pour celle du Canada).

Tout cela est aussi de bon augure pour l'expansion canadienne. On saura ce matin ce qu'a été le rythme de croissance en mai. Il est vraisemblablement plus élevé que celui de 0,1% observé en mars et avril.

Plusieurs économistes croient maintenant qu'une hausse du taux directeur américain pourrait survenir dès le printemps.

Quant au rythme et au degré de normalisation du taux, le débat et les paris sont ouverts.

On aura sans doute quelques indices le 21 août, à l'allocution attendue de Mme Yellen à Jackson Hole.