La banque centrale des États-Unis (Fed) devrait continuer la lente réduction de son aide monétaire exceptionnelle à l'économie à l'issue mercredi d'une réunion de son Comité monétaire à laquelle participera son nouveau vice-président Stanley Fischer.

À l'issue de deux jours de réunion, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) doit publier mercredi un communiqué fixant son cap et dévoilant ses nouvelles prévisions économiques. La présidente de la Fed, Janet Yellen, tiendra dans la foulée sa deuxième conférence de presse depuis qu'elle a pris ses fonctions en février.

Stanley Fischer, ancien gouverneur de la banque d'Israël, a enfin été confirmé par le Sénat en tant que numéro 2 de la Fed et participera à son premier Comité de politique monétaire. Deux autres nouveaux membres sont attendus: Loretta Mester, la nouvelle présidente de la Fed de Cleveland, membre votant cette année, et Lael Brainard, l'ancienne sous-secrétaire au Trésor, confirmée par le Sénat jeudi.

Quasiment unanimes, les analystes s'attendent à une nouvelle réduction de 10 milliards de dollars des achats d'actifs de la Fed. Cela portera à 35 milliards de dollars le soutien mensuel de la banque centrale à l'économie, destiné à pousser les taux d'intérêts à la baisse.

Les taux directeurs, qui sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008, devraient le rester.

«On s'attend à ce que le Comité coupe une nouvelle tranche de 10 milliards de dollars dans ses achats de titres. Et il va sans dire que la Fed ne va pas relever les taux d'intérêt», résumait Doug Handler, économiste pour IHS Global Insight.

Les marchés seront très attentifs à la nouvelle salve de prévisions de la Fed qui porteront sur la croissance, l'inflation et le chômage, mais aussi sur le niveau où pourraient se situer les taux d'intérêt à court terme en 2015 et 2016.

«La réduction de l'aide monétaire est en position de pilotage automatique, mais les prévisions de croissance pour fin 2014 ainsi que le taux de chômage devraient être réduites», affirme Thomas Costerg, de la cellule recherche de la banque Standard Chartered.

Un rebond pas aussi robuste que prévu

L'économie américaine s'est contractée (-1 % en rythme annualisé) au premier trimestre du fait notamment de l'impact d'un hiver rigoureux. Ce chiffre pourrait même être révisé à la baisse lors de la publication de la prochaine estimation du produit intérieur brut, le 25 juin.

Jusqu'ici, les économistes s'attendaient à un rebond de la croissance autour de 3 % sur le reste de l'année, mais cet optimisme a perdu de sa vigueur ces dernières semaines.

Même si le Livre beige --ce rapport conjoncturel de la Fed qui paraît deux semaines avant une réunion du FOMC-- a relevé une «expansion» dans toutes les régions du pays, celle-ci est toujours qualifiée «de modeste à modérée». «Nous observons un rebond au printemps, mais pas aussi robuste qu'on l'avait espéré», diagnostique Joel Naroff, économiste indépendant.

Les ventes au détail pour mai avaient une petite mine (+0,3 %) qui a déçu les attentes alors que la consommation est le principal moteur de la première économie mondiale.

L'inflation que la Fed souhaiterait à 2 % à moyen terme, est sur la pente ascendante, mais de façon erratique. Vendredi, à la surprise générale, les prix à la production pour mai ont reculé (-0,2 %). Globalement, l'inflation a atteint 1,6 % sur un an en avril, selon l'indice PCE, très regardé par la Fed.

L'emploi a continué de progresser et le taux de chômage, à 6,3 %, a déjà atteint en mai le bas de la fourchette des prévisions de la Fed pour la fin de l'année.

Au-delà des perspectives économiques, les membres du Comité discuteront aussi de leurs options pour une «normalisation» à l'avenir de la politique monétaire afin d'agir sur les taux courts sans provoquer de vive remontée des taux à long terme ce qui pourrait à nouveau gripper une reprise qui a mis si longtemps à s'installer.