La campagne bat son plein aux États-Unis à la recherche du prochain président de la Banque centrale alors que le mandat de Ben Bernanke s'achève en janvier et que la Fed amorce une transition de sa politique monétaire.

Initialement très fournie, la liste des candidats s'est réduite à deux noms ces derniers jours: Janet Yellen, 66 ans, et Larry Summers, 58 ans. «M. Summers comme Mme Yellen sont des candidats hautement qualifiés», a indiqué vendredi le président Barack Obama, à qui il revient de nommer le dirigeant de la Réserve fédérale avant sa confirmation au Congrès. Il a indiqué qu'il prendrait sa décision à l'automne.

«Le président de la Réserve fédérale, (...) il ou elle, est l'un des plus importants dirigeants politiques au monde», a poursuivi le président Obama, ajoutant que l'objectif du plein emploi sera son principal critère de choix.

Mme Yellen, qui pourrait devenir la première femme présidente de la Fed, connaît bien la Banque centrale américaine, dont elle est déjà la vice-présidente.

Elle est plutôt vue comme une «colombe» dans le jargon des observateurs, signifiant qu'elle est davantage préoccupée par le chômage que par l'inflation. Elle a été présidente du Cercle des conseillers économiques du président Bill Clinton.

Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor également sous l'administration Clinton, a été le premier conseiller économique du président Barack Obama. «L'opinion générale est qu'il est moins du côté des colombes que Janet Yellen», suggère un économiste de JPMorgan, Michael Feroli.

L'actuel titulaire du poste, Ben Bernanke, 59 ans, qui a remplacé Alan Greenspan en 2006, a été au chevet de l'économie du pays pendant la plus grande crise jamais traversée depuis la dépression de 1929. Son mandat s'achève le 31 janvier.

Nul doute que sa succession sera dans toutes les discussions lors du grand rendez-vous annuel des banquiers centraux à Jackson Hole (centre des États-Unis) du 22 au 24 août. Mme Yellen doit y prendre la parole. La présence de Larry Summers reste encore incertaine. Pour la première fois, Ben Bernanke ne s'y rendra pas, a indiqué un porte-parole de la Banque.

Jamais, à en croire les observateurs, le nom du prochain patron de la Banque centrale n'a autant attisé les passions, alors que la Fed est au milieu du gué d'une politique monétaire qui l'a menée en territoire inconnu.

Pour soutenir l'économie, non seulement la Fed a gardé son taux directeur proche de zéro depuis fin 2008 mais elle injecte des milliards de dollars de liquidités dans le circuit financier chaque mois en achetant notamment des bons du Trésor.

La Fed semble maintenant impatiente de cesser ces dépenses dès que l'économie et l'emploi repartiront.

«De mémoire, c'est la première fois que les discussions privées comme publiques sont aussi ouvertes (...). Cela tourne à la campagne politique», affirmait récemment un éditorialiste du Washington Post, Steven Pearlstein.

Dans une initiative inhabituelle, plusieurs sénateurs démocrates ont même signé une lettre demandant au président Obama de nommer Mme Yellen. «Elle est bien considérée, hautement qualifiée et elle connaît la Fed», a  commenté la sénatrice Dianne Feinstein.

Face à elle, l'homme dont on vante l'exceptionnelle intelligence et l'expérience des arcanes du pouvoir comme de Wall Street, fait grincer des dents pour sa personnalité irascible et impatiente, un trait à concilier avec le fonctionnement collégial du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

En 2006, il avait dû démissionner de la présidence de l'université d'Harvard --dont il a été le plus jeune professeur titulaire à 28 ans-- pour avoir suggéré que les femmes étaient par nature moins douées pour les mathématiques.

Par le passé, Larry Summers s'est aussi montré réticent à réguler les marchés financiers alors que la règlementation financière est l'une des prérogatives de la Fed. Enfin, ses liens en tant que consultant de grandes firmes financières seront scrutés par le Congrès s'il devait être nommé.

Un président de la Fed gagne 199 700 dollars par an, selon la Fed.