Le statut d'emprunteur des États-Unis a été encore un peu plus écorné lundi, avec les menaces de l'agence de notation Fitch de faire perdre au pays sa note «AAA» dans les deux années à venir si la classe politique à Washington ne s'attaque pas au déficit budgétaire.

Fitch était la dernière des trois grandes agences à maintenir une perspective «stable» sur la note «AAA» attribuée à la dette de long terme des États-Unis. Elle est désormais «négative», comme chez ses concurrentes Moody's et Standard and Poor's. S&P a cependant abaissé la note d'un cran en août, à «AA+», tandis que chez Moody's et Fitch, elle reste la meilleure possible, avec le fameux «triple A». Pour Fitch, il y a désormais «une probabilité légèrement supérieure à 50%» de voir la note abaissée dans les deux années à venir.

Interrogé par l'AFP sur cette décision, le département du Trésor n'a pas souhaité faire de commentaire, alors qu'il avait été vindicatif en août contre l'«erreur» commise selon lui par S&P.

Les trois agences font actuellement le même diagnostic: les États-Unis n'ont jusqu'ici aucun problème à financer leur déficit sur les marchés de la dette, mais ils le laissent filer à des niveaux potentiellement dangereux.

Le blocage a été illustré par l'échec de la «super-commission» parlementaire chargée de trouver des moyens de réduire le déficit de l'Etat fédéral. Formée en août et investie de la mission de trouver au moins 1.200 milliards de dollars d'économies cumulées sur dix ans avant novembre, cette instance n'a jamais paru en mesure de forger un compromis entre ses membres républicains et démocrates.

Pour Fitch, le problème restera entier tant que les électeurs n'auront pas tranché entre les deux partis lors de la présidentielle de novembre 2012.

«La perspective négative reflète la confiance de moins en moins grande de Fitch en les chances de voir venir à temps les mesures budgétaires nécessaires pour mettre les finances publiques des États-Unis sur un chemin viable et assurer leur note 'AAA' à la suite de l'échec» de cette commission, a expliqué l'agence dans un communiqué.

«Un accord et une mise en oeuvre en 2013 d'un plan crédible de réduction à moyen terme qui stabiliserait la dette publique dans la deuxième moitié de la décennie relâcherait la pression sur la note des États-Unis, même si en repoussant les décisions difficiles à prendre en termes d'imposition et de dépenses après les élections législatives et présidentielle à venir, la taille et le rythme nécessaires de la réduction du déficit seront plus importants», a ajouté Fitch.

Dans l'immédiat, faute d'avoir un Congrès qui augmente ses recettes ou réduise ses dépenses, l'exécutif peut compter sur des taux d'intérêt parmi les plus bas au monde.

Le Trésor américain a émis lundi de la dette à trois mois à des taux compris entre 0 et 0,03%, et de la dette à six mois à des taux entre 0,04 et 0,07%.

Les dernières ventes de dette américaine «ont toutes été solides sur fond de faible volume d'échanges et à un moment où les problèmes européens, en particulier l'avenir de l'euro, ont aidé le dollar et par là même les bons du Trésor américain», ont relevé les analystes de la maison de courtage Nomura.

Pour de la dette à trois mois émise lundi également, la France a payé 0,378% en moyenne, alors qu'elle conserve sa note «triple A» avec perspective «stable» chez Standard and Poor's, Moody's et Fitch.

Sur la dette à six mois vendredi, l'Italie (A+ chez Fitch, A2 chez Moody's, A chez S&P) avait payé quelque 6,5%.