Ces minutes de la réunion du Comité (FOMC) des 26 et 27 avril affirment à plusieurs reprises que les participants ont «généralement anticipé que la hausse récente de l'inflation serait passagère, les prix des matières premières se stabilisant et les attentes d'inflation restant bien ancrées».

Le président de la Fed, Ben Bernanke, avait caractérisé la poussée d'inflation comme «passagère» pour la première fois début avril. Il reste fidèle à cette ligne depuis.

Ce terme lui a attiré des critiques dans la presse américaine, qui a largement relayé les inquiétudes de l'opinion publique face à la montée des prix de l'essence, à un moment où les salaires stagnent et où les consommateurs essaient de se désendetter.

D'après les minutes de cette réunion, M. Bernanke est loin d'être seul à la banque centrale à minimiser les craintes d'inflation.

«Les participants ont de manière générale prévu que le niveau plus élevé de l'inflation serait passager. Cette prévision reposait en partie sur une projection selon laquelle la courbe de l'évolution des prix des matières premières allait s'aplanir et sur la conviction que les attentes d'inflation à plus long terme resteraient stables», a rapporté la Fed.

Lors de cette réunion, la Fed avait décidé de laisser son taux directeur proche de zéro et de poursuivre comme prévu jusque fin juin son programme de soutien à l'économie et au crédit lancé en novembre. Les membres du FOMC avaient cependant relevé leurs prévisions d'inflation pour 2011, qu'ils voient entre 2,1 et 2,8%.

L'augmentation des prix à la consommation atteignait aux États-Unis en avril 3,2% sur un an, et 1,3% hors énergie et alimentation.

La Fed, qui a parmi les missions que lui a confiées le législateur la stabilité des prix (l'autre étant le plein emploi), surveille traditionnellement ces deux mesures de l'inflation, et n'a pas d'objectif chiffré. Dans son communiqué du 27 avril, elle avait jugé les prix à la consommation sur une pente ascendante et les prix hors énergie et alimentation «encore plutôt bas».

Après avoir abreuvé de liquidités le système financier américain face à la récession et à ses suites, la Fed doit désormais envisager si elle les laisse aux banques ou si elle commence à les reprendre, et dans ce cas comment et à quel rythme.

Les minutes publiées mercredi montrent un débat nourri sur ces aspects, qui ne transparaissait pas dans le communiqué.

«Certains participants» ont estimé que «le Comité aurait besoin de se préparer à commencer de prendre des mesures allant vers une politique moins accommodante». Mais à l'inverse, «certains participants» ont prévenu qu'«une sortie prématurée pourrait inutilement peser sur la reprise économique en cours».

Les outils à employer sont plus consensuels. Pour «presque tous les participants», il faut d'abord laisser arriver à maturité des titres de dette des géants du financement de l'immobilier, acquis en 2009. «La plupart» des membres du Comité souhaitent une annonce publique sur le rythme auquel la Fed compte réduire son portefeuille d'actifs financiers.

Et pour «la majorité», ces mesures doivent précéder toute action sur les taux d'intérêt.