Les patrons des cinq géants mondiaux du pétrole se sont expliqués jeudi devant le Sénat des États-Unis, défendant leurs avantages fiscaux menacés par les élus, alors que les prix de l'essence à la pompe flambent.

Devant la commission des Finances du Sénat, Marvin Odum, le président de Shell Oil Company a assuré que les compagnies pétrolières n'étaient pas responsables de la montée des prix de l'essence. «Les compagnies pétrolières subissent les prix, mais ne les font pas», a dit M. Odum.

Le gallon (3,78 litres) d'essence est affiché à plus de 4 $, soit plus de 1$ le litre.

Les patrons des cinq grands groupes pétroliers ExxonMobil, Shell, BP, Chevron et ConocoPhillips se sont insurgés contre un projet de loi des démocrates du Sénat qui veulent supprimer les avantages fiscaux des grandes compagnies pétrolières pour contribuer à la réduction du déficit.

Selon les démocrates, la mesure dégagerait 21 milliards sur 10 ans qui seraient redirigés vers la réduction du déficit.

Rex Tillerson, le patron d'ExxonMobil a estimé que «les changements fiscaux envisagés (...) ne sont pas seulement mal avisés et discriminatoires. Ils sont contre-productifs».

Pour M. Tillerson, «une meilleure solution» serait d'augmenter la production d'hydrocarbures en exploitant de nouvelles ressources en Amérique du Nord, notamment au large des côtes américaines.

Les responsables considèrent les subventions sous forme d'avantages fiscaux nécessaires pour réaliser de nouveaux investissements. M. Tillerson a tenu à corriger ce qu'il considère comme de la désinformation: «ce ne sont pas des subventions, ce sont des crédits d'impôts légitimes».

John Watson, le patron de Chevron a estimé pour sa part que les compagnies pétrolières payaient déjà «leur juste part en terme d'impôts».

Le président de la commission, le démocrate Max Baucus a répondu qu'il était nécessaire de trouver «une solution juste». «Vous payez des impôts élevés c'est vrai. Mais il est aussi vrai que lorsque les prix mondiaux augmentent, les bénéfices de vos compagnies augmentent de façon significative».

Le président Barack Obama avait demandé dès la fin avril au Congrès de supprimer les subventions aux compagnies pétrolières.

Les cinq compagnies ont réalisé 35,75 milliards de profits au premier trimestre 2011, dont 10,65 pour ExxonMobil seule.

Le sénateur Robert Menendez, principal auteur de la proposition de loi, a haussé le ton jeudi à l'audition au sujet d'un communiqué de presse diffusé mercredi par ConocoPhillips qui qualifiait le projet des sénateurs d'«anti-américain».

«Etes-vous prêts à présenter des excuses?», a demandé M. Menendez, ce que s'est refusé à faire le PDG du groupe James Mulva en affirmant que cela n'avait «rien de personnel».

Côté républicain, les élus se sont montrés plus compréhensifs avec les cinq patrons, critiquant en lieu et place la politique énergétique des démocrates et du président Barack Obama.

«Les familles et les entreprises sont touchées par les prix élevés de l'essence. Cela justifie une politique énergétique. Mais tout ce que fait cette audition c'est de fournir une justification pour une hausse d'impôts», a dit le sénateur républicain Orrin Hatch qui affirme que la politique énergétique des démocrates consiste à «augmenter les prix de l'énergie».

Le Sénat pourrait voter la semaine prochaine sur le projet de loi visant les avantages fiscaux des cinq compagnies.