Le Trésor américain va commencer à liquider sur le marché boursier sa part de 92% dans l'assureur AIG, qu'il avait secouru au plus fort de la crise, et espère en tirer un bénéfice malgré des conditions de marché délicates.

AIG [[|ticker sym='AIG'|]] annoncé mercredi, jour de son assemblée générale, la mise sur le marché de 100 millions d'actions nouvelles et 200 millions d'actions ordinaires appartenant au Trésor qui se donne la possibilité d'en vendre 45 millions de plus en cas de forte demande.

Au prix de l'action mercredi, cela porte la valeur possible de cette offre publique à quelque 9 milliards de dollars, voire 10,4 milliards en incluant les éventuelles actions supplémentaires.

Le Trésor va pouvoir commencer à «générer les liquidités qui vont rembourser les contribuables américains de leur formidable soutien à notre entreprise», a commenté le directeur général Bob Benmosche lors de l'assemblée générale des actionnaires.

Le prix de vente des actions sera fixé ultérieurement, juste avant leur introduction sur le marché.

Symbole des excès de la finance ayant mené à la crise, AIG avait été sauvé d'une probable faillite en septembre 2008 grâce à un prêt de la banque centrale, qui avait dû être complété par d'autres interventions des pouvoirs publics dans les mois suivants. La stabilisation du groupe a mobilisé au total près de 180 milliards de dollars de fonds publics.

Le Trésor américain possédait 80% du capital d'AIG depuis l'automne 2008 et sa part est montée à 92% depuis la recapitalisation du groupe en janvier.

AIG a déjà remboursé 47 milliards de dollars qu'il devait à la banque centrale, et le Trésor conserve aussi 11,3 milliards de dollars de titres préférentiels de la filiale asiatique AIA.

L'administration Obama veut essayer de se délester de cet investissement encombrant, fort critiqué à l'époque, avant l'élection présidentielle de 2012.

Le marché est pour l'instant peu favorable: l'action d'AIG a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de l'année. Pour ne pas essuyer de pertes, le Trésor doit vendre ses titres à au moins 28,7$.

Un contexte qui l'a forcé à revoir ses ambitions à la baisse pour cette première offre, qui ne représente que 12,5% des 1,66 million de titres d'AIG qu'il détient. La part du Trésor baissera à l'issue de l'opération à environ 77%.

«Le Trésor ne parvient à vendre que la moitié de ce qu'il prévoyait. Ses banquiers ne pouvaient pas placer les quelque 20 milliards de dollars de titres qui étaient initialement prévus (...) ou alors le prix de l'action aurait été trop bas», commente Jon Ogg, analyste du site 24/7Wallst.com.

Mais la stratégie choisie, à savoir des ventes multiples et plus petites plutôt que quelques ventes massives, sur une période qui pourrait durer dix-huit mois, était bien accueillie mercredi par le marché: l'action gagnait 2,53% à 30,37$ vers 13h30.

«Le titre a pâti ces derniers mois du tsunami au Japon» et de «l'anticipation d'une vente d'une très grosse part» du capital par le Trésor, remarque Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York.

En outre, «le fait que le gouvernement ne mette qu'une faible part en vente veut dire qu'il pense que le cours de l'action peut remonter», ajoute M. Volokhine.

AIG a perdu 543 millions de dollars au premier trimestre à cause du tsunami au Japon mais surtout à cause de deux charges exceptionnelles dues notamment à sa recapitalisation.

Mais M. Benmosche a affirmé mercredi que «les ventes (d'AIG) continuent à bien se comporter, nos clients et nos employés restent avec nous. C'est une période formidable pour commencer la monétisation de nos actions».