Le monde de la finance s'inquiète de voir que la limite maximale de la dette publique des États-Unis n'a pas été relevée, à moins de trois semaines d'une échéance cruciale, selon une lettre adressée au secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner et rendue publique mardi.

«Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes relatives au besoin urgent qu'il y a de relever le plafond de la dette», écrit dans cette lettre Matthew Zames, président du Comité consultatif du Trésor pour les questions d'emprunt (TBAC).

«Les risques qu'un défaut de paiement des États-Unis ferait peser à long terme sont si élevés que tout retard dans le relèvement du plafond de la dette est susceptible d'avoir des conséquences négatives sur les marchés bien avant que ledit défaut ne se produise réellement», ajoute M. Zames, qui est par ailleurs membre du comité directeur de la banque JPMorgan Chase.

Le TBAC réunit des dirigeants de banques et de fonds d'investissement. Son rôle est de fournir au Trésor des recommandations relatives à un certain nombre de questions techniques relatives à la gestion de la dette publique.

La loi fixe depuis février 2010 à 14 294 milliards de dollars le plafond de la dette de l'État fédéral. Selon le Trésor, la dette soumise à cette limite s'élevait vendredi à 14 241 milliards, laissant à l'État une marge de 53 milliards.

Le ministère a indiqué le 4 avril que le plafond serait atteint le 16 mai.

Dans le cas où le plafond ne serait pas relevé d'ici là, le Trésor estime qu'il pourra tenir huit semaines, jusqu'au 8 juillet, avant que l'Etat américain ne se trouve en situation de défaut de paiement (notamment parce qu'il ne pourra plus emprunter pour payer les intérêts dus sur ses obligations arrivant à échéance).

Le Trésor demande au Congrès depuis plusieurs mois de relever le plafond de la dette, mais les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, conditionnent leur vote à des exigences de réductions des dépenses publiques que les démocrates jugent exagérées, voire dangereuses.

Doutant de la capacité de la classe politique à s'attaquer au déficit budgétaire du pays, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P) a indiqué le 18 avril qu'elle envisageait d'abaisser la note qu'elle attribue à la dette des États-Unis, qui bénéficient actuellement de la meilleure cote de solvabilité possible (AAA).

Faisant référence à cet avertissement, le président du TBAC écrit que «les conséquences d'un abaissement de la cote de solvabilité seraient considérables, et pourraient faire monter d'un point de pourcentage les taux d'intérêt» consentis par le Trésor sur ses emprunts «pour chaque baisse de la note d'un cran».

M. Zames estime par ailleurs, comme le Trésor, qu'un défaut de paiement, même limité, des Etats-Unis «pourrait déclencher une autre crise financière catastrophique, après celle de 2007-2009 dont le monde ne s'est pas encore remis.