L'assureur américain AIG, symbole des excès ayant mené à la crise financière, a présenté jeudi son plan pour rembourser les quelque 100 milliards de dollars qu'il doit à l'État américain, pariant sur la confiance du marché dans sa capacité à voler de ses propres ailes.

«Début août, nous avions dit que nous commencions à voir la lumière au bout du tunnel. Aujourd'hui, nous voyons énormément de soleil» s'est félicité le directeur général Bob Benmosche, en détaillant le plan d'AIG, qui devrait s'étaler sur 18 mois.

Le groupe, qui a reçu au total plus de 180 milliards de dollars d'aides publiques au plus fort de la crise pour éviter une probable faillite, a présenté un mécanisme pour rembourser les 101,2 milliards qu'il doit encore à la banque centrale américaine (Fed) et au Trésor.

L'assureur remboursera d'abord sa dette de plus de 20 milliards de dollars à la branche new-yorkaise de la Fed, grâce à des cessions d'actifs, notamment la mise en Bourse de la filiale asiatique d'assurance-vie AIA et la vente de sa filiale internationale Alico à MetLife.

AIG va également puiser jusqu'à 22 milliards de dollars dans une ligne de crédit non utilisée, ouverte il y a deux ans dans le cadre du plan de sauvetage gouvernemental, qui servira rembourser 22 des 26 milliards de dollars d'intérêts détenus par la Fed de New York dans AIA et Alico.

En contrepartie, le Trésor américain gardera un montant équivalent d'actions préférentielles d'AIG, qui conservera donc ainsi une forme de dette envers le gouvernement américain.

Pour Gregori Volokhine, responsable du département actions chez le gestionnaire d'actifs Meeschaert, il est «normal qu'une compagnie financière ait besoin de recourir à la dette», d'autant que dans ce cas, «l'entité qui garantit la dette c'est l'Etat», et que ce plan augure surtout d'«une grosse diminution de la dette» du groupe.

Le complément pour rembourser à la Fed le total de ses intérêts dans AIA et Alico viendra de la cession, annoncée également jeudi, de deux filiales japonaises pour 4,8 milliards de dollars.

Le troisième volet de ce plan prévoit la conversion des 49,1 milliards de dollars d'actions préférentielles AIG détenues par le Trésor en actions ordinaires.

Une fois l'opération terminée, le Trésor se retrouvera avec 92,1% du capital d'AIG contre 80% actuellement. Il ne recouvrera ses fonds qu'en vendant progressivement cette participation en Bourse, un processus qui selon le groupe devrait s'étaler sur 18 mois.

Ce qui signifie qu'il y aura pendant toute cette période «de la pression vendeuse sur le titre et de la dilution pour les actionnaires», reconnaît M. Volokhine, ajoutant toutefois que c'est aussi «une grande déclaration de confiance d'AIG et du Trésor dans la validité des activités» de l'assureur.

Le Trésor a salué jeudi ce plan qui «donne un énorme coup d'accélérateur au calendrier de remboursement d'AIG et met les contribuables dans une position considérablement plus solide pour récupérer leur investissement».

À l'approche d'importantes élections de mi-mandat début novembre, le gouvernement américain fait tout pour vanter le succès de son plan de sauvetage très coûteux de la finance américaine et du secteur automobile, et Bob Benmosche s'est empressé de répéter qu'il «croit fortement qu'(AIG) va rembourser les contribuables américains, avec en plus un bénéfice».

Le Trésor a toutefois admis qu'il reste «beaucoup de travail à faire pour appliquer les termes de cet accord».

M. Volokhine souligne en effet qu'il est «difficile de parier sur le marché à si long terme» car «si une nouvelle crise survient, il ne sera pas possible de vendre ces actions d'AIG».

Le marchait penchait en tout cas jeudi pour l'optimisme et l'action bondissait de 2,88% à 28,53 dollars vers 11H45 GMT.