Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a noté mercredi une amélioration de la demande qui devrait permettre une croissance économique modérée aux États-Unis, même si celle-ci risque toujours d'être entravée par la persistance d'un chômage élevé.

Les données économiques actuelles «laissent penser que la hausse de la demande finale sera suffisante pour assurer une reprise économique modérée dans les trimestres à venir», a déclaré M. Bernanke devant la Commission économique mixte du Congrès.

La force de la reprise entamée à l'été 2009 a été due pour beaucoup aux effets comptables des ajustements des stocks des entreprises, a rappelé M. Bernanke.

Le patron de la Fed faisait référence au fait que le simple ralentissement des déstockages des entreprises avait assuré plus des deux tiers de la croissance économique de 5,6% en rythme annuel relevée au quatrième trimestre.

Les ventes finales qui donnent une bonne indication de la demande totale des ménages et des entreprises n'avaient augmenté pour leur part que de 1,7%, soit un tout petit peu plus que pendant l'été (+1,5%).

«Maintenant que les stocks sont plus conformes au niveau des ventes finales», et «avec la diminution attendue de la relance budgétaire au cours de l'année à venir, la suite de l'expansion économique dépendra du maintien de la croissance de la demande finale», a-t-il ajouté.

À cet égard, la progression de la consommation des ménages observée depuis le début de l'année est encourageante, a estimé le président de la Fed.

Les chiffres de ventes de détails publiés par le département du Commerce sont venus corroborer les propos de M. Bernanke. Celles-ci ont augmenté en mars pour le troisième mois d'affilée, de 1,6% par rapport à février, soit bien plus que ne le prévoyaient les analystes.

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, «les ménages dépensent de nouveau à un rythme étonnamment soutenu».

«La conjoncture financière continue de se renforcer» et, «les dépenses d'investissements des entreprise en biens d'équipement et en logiciels semblent avoir progressé à un rythme soutenu au premier trimestre», a ajouté M. Bernanke.

Néanmoins, «des facteurs continuent d'entraver fortement le rythme de la croissance», a-t-il rappelé, citant les difficultés persistantes du marché du logement et de la construction, les difficultés budgétaires des États fédérés et la persistance d'un chômage élevé.

«Il faudra beaucoup de temps pour récupérer les huit millions et demi d'emplois perdus au cours des deux dernières années», a ajouté M. Bernanke.

Abordant les problèmes posés par le déficit budgétaire américain, qui pourrait dépasser cette année le montant inouï de 1.415 milliards de dollars de l'exercice 2008-2009, M. Bernanke a appelé les élus à prendre des mesures concrètes.

«Il faudra faire des choix difficiles pour s'attaquer aux problèmes budgétaires du pays, mais les repousser n'aura pour seul résultat que de les rendre plus difficiles», a dit M. Bernanke.

Si les États-Unis ne sont pas dans la situation de la Grèce, le risque inhérent au maintien de déficits élevés est de voir les taux d'intérêts monter et menacer la vigueur de la reprise, a-t-il ajouté.

La Fed a abaissé son taux directeur à quasi zéro en décembre 2008 pour réduire au maximum le coût du crédit, espérant stimuler l'économie.

M. Bernanke a redit que les risques pesant sur la croissance et l'absence de menaces d'inflation (rappelée par la faible hausse, de 0,1%, des prix à la consommation en mars, publiée mercredi) garantissait toujours le maintien d'un taux directeur «extrêmement bas» pour longtemps.