Plutôt qu'une croissance modeste, les États-Unis se dirigent peut-être vers une reprise vigoureuse.

C'est que la pire récession depuis les années 30 a créé un réservoir de demande qui stimulera l'économie, soutiennent de plus en plus d'économistes, dont principalement James Glassman, de JPMorgan Chase & Co., Laurence Meyer, ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed), et Stephen Stanley, de RBS Securities.

«Chaque fois que nous sommes tombés d'une falaise pour nous enfoncer profondément, l'économie a montré pendant un certain temps une tendance à rebondir très rapidement», assure M. Glassman, un économiste principal de JPMorgan Chase à New York. M. Glassman et ses collègues ont indiqué ce mois-ci que les prévisions de croissance de 3% à 4% au cours des prochains trimestres pourraient être trop timides étant donné la «demande refoulée» de consommation.

 

Mais cette opinion des spécialistes de JPMorgan Chase entre en contradiction avec le point de vue popularisé par Mohamed El-Erian, de Pacific Investment Management Co. (Pimco), selon lequel le fort taux de chômage et la destruction record de richesse feront en sorte que la croissance économique ne sera que de 2% ou moins pendant des années.

Cette divergence de vues met en lumière le dilemme auquel doivent faire face les décideurs, ceux-ci ayant à trancher entre la poursuite des stimulants fiscaux et monétaires records ou une mise en sourdine progressive pour prévenir une poussée inflationniste si la croissance devait s'accélérer.

M. El-Erian, PDG de Pimco, une société établie à Newport Beach, en Californie, soutient que les «indicateurs que nous suivons continuent d'indiquer une croissance modeste à moyen terme aux États-Unis».

Il répond ainsi aux arguments en faveur d'une reprise dite en V. Un rapport de la Réserve fédérale américaine (Fed) publié la semaine dernière ajoute aux signes de reprise parce qu'il fait état d'une hausse de 0,5% de la production industrielle en juillet, première augmentation en neuf mois.

La théorie dite de la «Nouvelle normalité» prédit que la récession fera en sorte que le taux de chômage, qui atteindra l'an prochain, prévoit-on, 10% pour la première fois depuis 1983, se maintiendra élevé pendant des années. MM. Glassman et Meyer ne sont pas d'accord.

«La principale objection que j'élève contre l'idée de Nouvelle normalité voulant que nous soyons pris avec un taux de chômage élevé et que nous devons l'accepter, c'est que si l'on examine les initiatives de la Fed, on s'aperçoit qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour combattre cela», lance M. Glassman, qui a déjà travaillé comme économiste de la Fed à Washington.

M. Meyer, qui a été gouverneur de la banque centrale américaine de 1996 à 2002, explique pour sa part que lui-même et ses collègues «ne décèlent aucun indice» montrant que le taux de chômage allant de pair avec une inflation stable est maintenant plus élevé.

M. Meyer dit s'attendre à ce que le PIB américain bondisse de 3,6% en 2010 et de 3,9% en 2011. La croissance économique annuelle aux États-Unis n'a dépassé 3% qu'une seule fois jusqu'à présent au cours de la présente décennie, soit en 2004, et sa moyenne s'établit à tout juste 2,2%.

«Le principal moteur est le prix des maisons, soutient M. Meyer en faisant référence à ses prévisions touchant la reprise. Si les prix des maisons se stabilisent, on assistera à une formidable relance du secteur de l'habitation qui domine toutes les autres variables de notre équation. Il y a une formidable demande refoulée dans ce secteur particulier.»