La balance des capitaux des États-Unis s'est de nouveau dégradée fortement en avril, alors que les Chinois réduisaient leur portefeuille en obligations du Trésor américain pour la première fois en 11 mois, au moment où Washington a besoin d'eux pour financer sa relance.

Selon les chiffres publiés lundi par le département du Trésor, 53,2 milliards de dollars de capitaux ont fui les États-Unis en avril.

Sur les quatre premiers mois de l'année, le solde de la balance des capitaux américain n'a été positif qu'au mois de mars (25,0 milliards de dollars). En janvier, le solde avait atteint un record dans le rouge (-144,0 milliards).

La dégradation d'avril a été due en partie à une forte baisse de l'excédent de la balance à long terme, qui est passé en un mois de 55,4 milliards à 11,2 milliards de dollars. Elle a totalement surpris les analystes, qui s'attendaient à une amélioration du solde.

Cela signifie que les obligations à long terme du Trésor des Etats-Unis et les actions et obligations d'entreprises américaines ont moins intéressé les investisseurs étrangers que les titres équivalents étrangers n'ont intéressé les investisseurs américains.

Le mouvement a été encore plus fort en ce qui concerne les capitaux à court terme, puisque le solde correspondant de la balance a plongé dans le rouge, à 39,4 milliards de dollars, après un solde positif de 26,7 milliards en mars.

Cette baisse résulte d'une baisse des avoirs étrangers en obligations du Trésor américains à court terme, qui ont diminué de 44,5 milliards de dollars en avril.

Pour la première fois en 11 mois, les investisseurs chinois (hors Hong Kong) ont réduit leur portefeuille de titres du Trésor américain. S'ils en restent les premiers détenteurs étrangers, ils en détenaient pour 763,5 milliards de dollars fin avril, contre 767,9 milliards un mois plus tôt.

Les autorités de Pékin ont exprimé à plusieurs reprises depuis le début de l'année leur inquiétude quant à la sécurité de leurs placements aux États-Unis. Washington n'a pourtant d'autre solution que d'emprunter à l'étranger pour financer un déficit budgétaire abyssal que viennent creuser un peu plus ses mesures de relance de l'économie.

Remettant en cause la domination économique et politique de Washington, la Chine, la Russie et le Brésil ont annoncé ces jours-ci leur volonté de diversifier leurs avoirs au détriment du dollar et des États-Unis.

Comme les Chinois, les investisseurs russes et brésiliens ont légèrement réduit leur exposition aux titres du Trésor en avril.

L'État américain, qui a cette année un besoin de financement sans précédent sur le marché obligataire, continue malgré tout de placer tous les titres de dette qu'il souhaite émettre.

Lors d'une table ronde à New York, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a cherché à rassurer en affirmant que la Chine avait encore «une grande confiance» dans les bases de l'économie américaine.

Certains analystes estiment que la dégradation de la balance des paiements américaine n'est pas si dramatique, et témoigne d'une amélioration de la conjoncture.

Ce «n'est pas un problème», va jusqu'à dire Tu Packard, de Moody's Economy.com, pour qui «assurément», «les investisseurs étrangers montrent moins d'aversion au risque, et sont plus prompts à troquer des titres américains à court terme contre des actifs plus attirants sur les marchés émergents».

C'est aussi l'avis de Brian Bethune, d'IHS Global Insight. Néanmoins, note-t-il, «cela arrive à un mauvais moment» pour Washington. Le désintérêt des étrangers contribue au mouvement de hausse des taux d'intérêt observé depuis plusieurs semaines lors des adjudications du Trésor, renchérissant le coût de la dette américaine.