C'est Me Lucien Bouchard qui agira à titre de médiateur spécial dans le dossier du lock-out à l'Aluminerie de Bécancour.

La ministre du Travail, Dominique Vien, a confirmé l'information mardi.

Quelque 1030 travailleurs d'ABI, membres de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, ont été mis en lock-out, le 11 janvier dernier à 3h du matin, au lendemain de leur rejet des offres patronales.

L'ancien premier ministre du Québec, qui est revenu à la pratique du droit, a récemment agi comme conseiller pour la Fédération des médecins spécialistes face au gouvernement du Québec.

Un médiateur expérimenté avait déjà été affecté au dossier, Me Jean Nolin. Mais devant la durée du conflit et le fait que les négociations sont au point mort, Québec a décidé d'agir.

«Le gouvernement du Québec est grandement préoccupé par ce conflit de travail, tant pour le sort des familles concernées que pour les conséquences sur l'économie de la région», a commenté la ministre Vien.

«Bien que ce conflit de travail relève du domaine privé, nous continuerons de faire tout ce qui est en notre pouvoir afin que les parties en viennent à une entente négociée le plus rapidement possible», a-t-elle ajouté.

Bien reçu des deux côtés

La nouvelle de la nomination de Me Bouchard a été fort bien reçue par le président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, Clément Masse. Joint au téléphone, celui-ci s'est dit prêt à négocier 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

M. Masse a souligné que Me Bouchard connaît bien l'usine, les travailleurs et la direction, puisqu'il a déjà travaillé au dossier d'ABI en 2011. À l'époque, il avait dû intervenir à cause de mauvaises relations de travail dans l'entreprise et afin de dénouer l'impasse, a relaté M. Masse.

Mais «on a beau avoir le meilleur médiateur, si l'employeur n'est pas disposé à négocier, ça va être difficile. Mais monsieur Bouchard a beaucoup d'influence, quand même une bonne notoriété, peut-être que ça peut aider à les convaincre» de mener une négociation fructueuse, a avancé le dirigeant syndical.

«De toute façon, l'employeur devra arriver de façon intelligente à la table. Il ne pourra pas arriver en nous offrant des affaires ridicules; il aurait l'air ridicule... si tu arrives devant une personne comme monsieur Bouchard et que tu essaies de jouer au fou... Je pense qu'ils ont tout intérêt à arriver à la table avec une attitude de vouloir régler», a conclu M. Masse.

De son côté, la direction de l'Aluminerie de Bécancour s'est dite prête à travailler avec lui. «La direction d'ABI a pour objectifs d'améliorer la productivité et la compétitivité de l'usine à long terme. Nous apprécions le support du ministère du Travail et travaillerons avec les médiateurs nommés au dossier», a-t-elle fait savoir.