Le Massachusetts veut savoir d'ici vendredi s'il peut toujours compter sur le projet Northern Pass ou s'il devra choisir un autre projet parmi ceux qu'il a reçus à la suite de son appel d'offres pour l'achat d'énergie renouvelable.

Eversource, le promoteur américain de la ligne de transport, a déjà annoncé son intention de contester le refus du New Hampshire de lui accorder le dernier permis requis pour aller de l'avant avec ce projet, qui aurait permis à Hydro-Québec de décrocher le plus important contrat d'exportation de son histoire.

Eversource a l'intention de demander au comité du New Hampshire de reconsidérer sa décision et, en cas de refus, de porter la cause devant les tribunaux.

L'État du Massachusetts veut savoir si les livraisons d'électricité prévues pour 2020 pourraient être significativement retardées ou si le projet Northern Pass risque de ne pas se réaliser.

Northern Pass était le plus avancé des projets proposés à la suite de l'appel d'offres du Massachusetts. L'État pourrait reprendre l'examen de ces projets et faire un autre choix pour satisfaire ses besoins d'énergie renouvelable.

Hydro-Québec, qui s'était associée à deux autres projets de ligne de transport dans le cadre de cet appel d'offres, a des raisons de garder espoir.

« On estime que nos trois projets sont toujours les plus intéressants de la liste. » - Serge Abergel, porte-parole d'Hydro-Québec

UNE RENTABILITÉ COMPARABLE

Selon lui, le coût de la portion québécoise de la ligne de transport est à peu près le même pour le plan A, soit Northern Pass, que pour ce qui devient les plans B et C pour Hydro-Québec.

Le New England Power Link, qui doit être enfoui sous le lac Champlain et tout le long de son tracé jusqu'au sud du Vermont, est le plus avancé des deux autres projets d'Hydro-Québec. Sa mise en service est prévue en 2022, soit deux ans plus tard que Northern Pass.

S'il était choisi par le Massachusetts, ce lien ne nuirait pas à un autre projet du même promoteur, Blackstone, qui veut construire une autre ligne sous le lac Champlain pour se rendre jusqu'à New York, estime Hydro-Québec. La société d'État québécoise s'intéresse aussi à ce projet, baptisé Champlain Hudson Power Express, pour augmenter ses ventes à New York.

L'autre projet, le New England Clean Energy Connect, a encore beaucoup d'étapes à franchir avant de se réaliser. Parce que son tracé est plus court et qu'il traverse des régions peu peuplées du Maine, il serait moins coûteux à construire que celui sous le lac Champlain. L'électricité d'Hydro-Québec devrait transiter par le sud du New Hampshire pour rejoindre le Massachusetts et Boston, mais aucune nouvelle autorisation ne serait nécessaire de la part de l'État qui a rejeté Northern Pass, parce qu'on utiliserait le réseau existant.

« Les trois propositions assurent un niveau de rentabilité équivalent jusqu'à la frontière. » - Serge Abergel, porte-parole d'Hydro-Québec

En territoire américain, ce sera aux promoteurs d'ajuster leurs prix pour recouvrer leurs coûts, ajoute-t-il.

REJET UNANIME

Si Hydro-Québec réussit à conclure le contrat de 20 ans avec le Massachusetts, l'électricité sera achetée par trois distributeurs, soit Eversource (qui est aussi le promoteur de Northern Pass), National Grid et Unitil, qui la revendront aux consommateurs de Boston et de sa région.

Les sept membres du Site Evaluation Committee (SEC) du New Hampshire ont rejeté à l'unanimité le projet Northern Pass, qui aurait traversé l'État sans apporter de retombées jugées assez importantes.

Le promoteur Eversource aurait dépensé 250 millions US jusqu'à maintenant pour faire avancer son projet. Une contestation judiciaire de la décision du New Hampshire pourrait prendre au moins un an, avec un résultat incertain.