Les cours du pétrole ont baissé jeudi à New York et Londres, prenant un rapport contrasté de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et un renforcement du dollar comme prétextes pour se rééquilibrer après deux séances de forte hausse.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a cédé 66 cents à 60,77 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir gagné plus de trois dollars lors des deux précédentes séances.

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, qui avait enregistré une hausse semblable, a perdu 59 cents à 65,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Il y a une certaine pression à la vente, et je pense que c'est surtout la conséquence des deux derniers jours», a estimé Gene Mc Gillian, de Tradition Energy. «On assiste à quelques prises de bénéfices précoces avant le week-end.»

Pour le marché, la principale actualité du jour était un rapport mitigé de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), basée à Paris, qui regroupe principalement des pays importateurs.

L'agence a «contrebalancé une hausse de 280 000 barils par jour de ses prévisions de demande mondiale pour 2015», encourageante pour le marché, «par un relèvement de ses estimations sur l'offre en dehors de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)», plus défavorable, a mis en avant Tim Evans, de Citi.

De plus, en ce qui concerne l'OPEP, l'AIE a aussi relevé ses prévisions d'offre et noté que «l'Arabie saoudite, l'Irak et les Émirats arabes unis font couler des quantités sans précédent de pétrole sur un marché déjà suralimenté», a rapporté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

L'OPEP, dont la production élevée a largement contribué à faire chuter les prix de moitié au second semestre 2014, a maintenu au début du mois son plafond officiel à 30 millions de barils par jour (mbj) à l'issue d'une réunion à Vienne.

En l'état actuel des choses, «l'OPEP va produire plus d'un million de barils par jour de plus que nécessaire dans la deuxième moitié de l'année», a expliqué Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Production toujours élevée

«Ce qui est aussi intéressant dans le rapport de l'AIE, c'est que la consommation indienne de pétrole devrait dépasser celle du Japon ce trimestre, et en faire le troisième plus gros consommateur après les États-Unis et la Chine», a souligné Matt Smith, de Clipper Data.

«Par ailleurs, hier, BP (...) a remarqué que les États-Unis avaient dépassé l'Arabie saoudite comme plus gros producteur de pétrole et la Russie comme plus gros producteur de pétrole et de gaz combinés», a-t-il continué. «Les temps changent.»

À part ces publications, «le dollar a monté à la suite de bons chiffres sur les ventes de détail en mai aux États-Unis, et sa force est un autre facteur de baisse pour les cours pétroliers, libellés en dollar» et donc moins attirants, a rappelé M. Evans.

À plus long terme, malgré des fluctuations parfois importantes d'un jour à l'autre, le marché a peu évolué depuis que les cours ont rebondi d'une quinzaine de dollars entre la mi-mars et la fin avril, après être tombés en début d'année à leur plus bas niveau depuis six ans.

«En gros, depuis un mois, tout ce qui se passe, c'est un rééquilibrage», a expliqué M. McGillian. «À part la nette baisse des réserves et le bon niveau de la demande d'essence aux États-Unis», selon les chiffres hebdomadaires publiés mercredi par le gouvernement américain, «le marché n'a pas changé en profondeur.»

«Assez vite, si l'on n'assiste pas à un ralentissement de la production», qui a de nouveau augmenté la semaine dernière aux États-Unis, «le marché risque de baisser de nouveau», a-t-il conclu.