Une semaine après l'annonce de la vente de la division de pâtes et papiers de GLV au duo père-fils de Laurent et Richard Verreault, un important actionnaire mécontent se résigne à conserver ses actions.

La firme montréalaise Claret, qui détient plusieurs millions d'actions de GLV, soit une participation d'environ 5%, se dit coincée.

«Je n'ai pas le choix. Ça se vend pas comme ça, des actions de GLV, dit Alain Chung, gestionnaire de portefeuille chez Claret. Si je vends nos positions, le titre va baisser à 1$. Alors, je ne vendrai pas. Une chose est certaine par contre, je n'en achèterai plus et je vais voter contre la transaction.»

Le titre de l'entreprise, anciennement appelée Groupe Laperrière et Verreault et qui prendra le nom d'Ovivo si la transaction est approuvée, a cédé plus de 40% de sa valeur depuis le sommet de 4,84$ atteint en début d'année.

Ça fait un moment que le marché sait que GLV veut se défaire de certains actifs. «On ne sait toutefois pas avec quelle force GLV a essayé de trouver un acheteur externe, parce que techniquement la famille souhaitait racheter les actifs», dit Alain Chung.

«Si la transaction est bonne pour la famille, je considère que je fais partie de la famille. GLV a utilisé mon capital pendant 20 ans pour faire fonctionner l'entreprise. Si c'est assez rentable pour la famille, que les actifs restent dans l'entreprise.»

Le duo Verreault obtient effectivement un «bon deal» au prix de 65 millions de dollars, selon l'analyste Frederic Bastien, de la firme Raymond James, qui s'attend à ce qu'Ovivo se restructure plus en profondeur au cours des mois qui viennent.

Marc Barbeau, qui est PDG de la division d'Ovivo et qui deviendra le patron de la nouvelle entreprise si la transaction est approuvée, réplique que les actionnaires apprendront beaucoup de choses à propos de la transaction lorsque la circulaire d'information sera publiée dans les prochaines semaines.

«On n'a pas fait de cadeau à la famille Verreault. En 2010, RBC a été embauchée dans le cadre du processus, et plus de 20 joueurs [stratégiques et financiers] ont été approchés», dit-il.

Les discussions sont même allées très loin avec l'un d'eux. «Il était pratiquement minuit moins cinq quand la transaction a avorté», dit Marc Barbeau.

Les deux parties ne s'entendaient pas, semble-t-il, sur le prix et sur la façon d'assumer des passifs, dont certains environnementaux. «GLV a un historique industriel et ça fait partie des risques à considérer. Les actionnaires n'ont pas accès à ces informations-là, mais on leur dit que l'offre des Verreault, c'est la meilleure.»

En plus, dit-il, la Financière Banque Nationale communique avec des acteurs depuis vendredi dernier et le fera jusqu'au 7 novembre pour tenter de trouver une meilleure offre.

Certains acteurs qui avaient déjà été pressentis sont à nouveau joints, question de voir si leur stratégie a changé, sachant que l'actif est sur le point d'être vendu. De nouveaux acteurs sont également sondés, dit Marc Barbeau.

Le siège social au Québec

Alain Chung s'élève aussi contre la promesse de conserver le siège social d'Ovivo au Québec, qui ne serait qu'un moyen d'obtenir l'appui de la Caisse de dépôt et placement et du Fonds de solidarité FTQ. «Pourquoi une entreprise qui a juste des contrats à l'extérieur du Québec [comme c'est le cas d'Ovivo] aurait-elle son siège social au Québec?»

Marc Barbeau répond que la base de l'actionnariat est au Québec (la Caisse, le Fonds FTQ, Claret, etc.). Il ajoute que développer le marché au Québec dans le traitement de l'eau n'est pas «sur la première liste des priorités, mais que c'est sur la deuxième liste des priorités. Ovivo sera présente au Québec éventuellement. Ça pourrait passer par une acquisition».

Alain Chung n'est par ailleurs pas convaincu qu'Ovivo soit en parfaite santé. «Si Ovivo a deux autres mauvaises années, il y aura un problème d'argent.

«Avec une division [les pâtes et papiers] qui générait des cash flow pour abaisser les dettes, je me disais qu'éventuellement, Ovivo allait reprendre le dessus.»

Il n'est pas le seul à se montrer critique. «Un escompte est justifié en raison de la feuille de route des dirigeants et des marges plus faibles d'Ovivo par rapport aux comparables», souligne Anthony Zicha, de la Scotia.

Chez RBC, Sara O'Brien a retiré sa recommandation d'achat la semaine dernière, jugeant que le titre devenait plus risqué sans l'apport de la division des pâtes et papiers.

Les actionnaires doivent, en principe, être appelés à se prononcer sur la transaction le mois prochain à l'occasion d'une assemblée extraordinaire.