Siemens a écrit mardi à Alstom pour obtenir des précisions en vue de lui soumettre éventuellement une proposition de rachat de son pôle énergie, tandis que le PDG du groupe industriel français a estimé que l'offre de General Electric était une «excellente option» pour assurer la pérennité de ces activités.

«Siemens continue son travail», a déclaré le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

Le groupe allemand «a écrit ce matin à Alstom pour leur demander des précisions, approfondir la connaissance dans l'entreprise Alstom, dans le but évidemment de développer, certainement, une proposition», a-t-il poursuivi.

«Nous avons compris cette détermination comme étant constante, sérieuse, appliquée», a ajouté le ministre, expliquant dans un tweet que le courrier de Siemens précisait «les axes d'une alliance» avec le fabricant français de turbines électriques et de TGV.

Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, a confirmé l'existence de ce courrier, à l'issue de son audition par la même commission. «Nous avons effectivement reçu aujourd'hui une lettre de Siemens qui veut que soient précisés un certain nombre d'éléments du processus en cours», a-t-il dit à des journalistes.

Alstom fait l'objet d'une offre de reprise de sa branche énergie par l'américain General Electric alors que Siemens est également sur les rangs. Le groupe allemand, qui s'est invité dans le dossier avec le soutien de Paris et Berlin, pourrait déposer prochainement une offre concurrente en mettant aussi dans la balance ses activités ferroviaires.

Le gouvernement français pèse de tout son poids dans ce dossier, en s'efforçant de favoriser des alliances plutôt qu'une simple acquisition et de préserver les intérêts industriels de la France. Il a ainsi pris un décret qui étend notamment à l'énergie et aux transports son pouvoir de veto pour protéger les entreprises stratégiques contre les appétits étrangers.

«Pour moi, pour l'instant, ma préférence, mon choix, c'est Alstom, et c'est les intérêts industriels, technologiques, économiques de notre pays», a martelé Arnaud Montebourg.

À General Electric, «je leur ai dit 'faites-nous de nouvelles propositions, parce que pour le moment, ça ne marche pas'. Et nous avons dit exactement les mêmes choses à nos amis allemands de chez Siemens», a-t-il précisé.

Le gouvernement est soucieux de préserver l'emploi et l'avenir des activités de transports d'Alstom sur lesquelles le groupe veut se repositionner, a-t-il rappelé.

«Je ne peux pas préjuger de ce que sera la meilleure alliance (...) Mais ce que je sais, c'est que grâce à ce décret (...), rien n'est plié, tout est à décider», a souligné le ministre.

Le conseil d'administration d'Alstom s'est donné jusqu'à la fin mai pour étudier des offres de rachat, tout en marquant sa préférence pour celle de GE, la seule formellement sur la table pour l'instant.

Pour le PDG du groupe français, cette offre est «une excellente option pour garantir l'avenir des activités énergie d'Alstom, l'avenir de ses sites et l'avenir de ses employés».

«C'est d'autant plus facile d'avoir une préférence qu'aujourd'hui nous n'avons qu'une seule offre. Lorsqu'il y aura une deuxième offre, si deuxième offre il y a, le conseil l'examinera», a souligné Patrick Kron, assurant un processus «rigoureux, équitable et transparent».

Pour lui, Alstom ne peut pas relever, seul, les défis du secteur de l'énergie comme l'atonie du marché européen, l'accélération de la concurrence asiatique et la course à la taille. Il a mis en garde contre les «dures conséquences» qui attendent le groupe si cette «période d'interrogation» sur son avenir venait à perdurer.

Le dirigeant, qui s'est à nouveau fait tacler par Arnaud Montebourg pour son manque de coopération, a réfuté avoir voulu mettre le gouvernement devant le fait accompli en concluant secrètement un accord avec GE, même si la révélation dans la presse fin avril de l'existence de discussions avancées avec le groupe américain a conduit les administrateurs à surseoir pour un mois à une décision.