Grosses secousses dans l'industrie pétrolière, d'autant plus ébranlée que celles-ci proviennent cette fois de deux pays producteurs... d'Amérique du Nord.

D'une part, l'Energy Information Agency (EIA) nous apprenait la semaine dernière que la production de brut des États-Unis frôlera dès 2016 un record vieux de 46 ans.

Dans trois ans, la production américaine «s'approchera de son sommet historique de 9,6 millions de barils par jour (bpj), un sommet atteint en 1970», précise l'organisme basé à Washington.

Il y a un an à peine, l'organisme avait prédit une production de 7,5 millions de barils par jour en 2016, soit 30% de moins. Le boom pétrolier américain est donc plus spectaculaire que prévu, ce qui va créer des remous.

Les automobilistes ne s'en plaindront pas car, selon l'EIA, cet afflux d'or noir sur le marché fera fondre les cours du brut, qui passeraient de 112$US le baril en moyenne en 2012 à 92$US en 2017, une chute de 20$US qui fera aussi baisser les prix de l'essence, prédit-on.

D'autre part, une autre nouvelle importante: après de tumultueux débats au gouvernement, le Mexique vient d'adopter une réforme historique qui met fin à 75 ans de monopole de l'État dans le pétrole. En clair, le pays latino-américain ouvre ses portes aux entreprises étrangères. Le Mexique, dont la production pétrolière dégringole depuis des années, s'attend à des investissements de 20 milliards US par an, ce qui fera doubler sa production à près de 5 millions de barils par jour d'ici une dizaine d'années. La société nationale, Pemex, pourra désormais passer des accords avec des géants étrangers. Les ExxonMobil, Shell et Total de ce monde pourront ainsi explorer les eaux territoriales mexicaines, les plus grandes réserves inexploitées du monde après celles de l'Arctique.

En somme, le pétrole nord-américain va couler à flots sur le marché, à un moment où l'on attend déjà un afflux additionnel de brut en provenance de l'Irak et de l'Iran.

Plus d'argent en poche

Autre changement dans l'équation pétrolière: la demande de produits pétroliers des États-Unis - premier acheteur mondial - devrait baisser d'ici 2016, prévoit aussi l'EIA. La raison: la consommation (des véhicules) va diminuer en raison d'une «croissance faible des déplacements, mais aussi de l'amélioration de l'efficacité» des moteurs, poursuit l'organisme dans son rapport. Bref, hormis un choc sur la scène géopolitique, tout pointe vers des prix plus doux.

Sur le plan économique, c'est une bonne nouvelle. Une «règle du pouce» souvent utilisée par les experts indique que chaque baisse de 10$US du prix du baril laisse environ 50 milliards US de plus dans les poches des Américains. Ceux-ci pourront alors dépenser autrement ce magot qui représente l'équivalent de 0,3% de l'économie.

Pour sa part, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) parle d'un impact de deux tiers de 1% sur l'économie des pays industrialisés pour chaque variation de 10$US.

En somme, le nouveau brut américain et mexicain fera l'affaire de beaucoup de monde.

Et si les prix plongeaient?

Le grand perdant dans cette joute, c'est l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

Depuis trois ans, l'OPEP est parvenue à maintenir les cours pétroliers au-dessus de 100$US, du moins jusqu'à récemment, un niveau confortable pour ses membres et l'industrie, notamment au Canada.

Mais les Américains et les Mexicains vont perturber cet équilibre. «La capacité de l'OPEP à contrôler la production et à maintenir les prix au-dessus de 100$ pourrait être remise en question», écrit le Centre d'études énergétiques mondiales (CGES) dans une étude.

Le poids de l'OPEP dans la balance énergétique n'est déjà plus ce qu'il était. La production de ses 12 pays membres ne représente plus que 43% de l'offre mondiale, contre plus de 50% dans les années 70.

Le prix de l'or noir va-t-il s'effondrer à 80$US l'an prochain, scénario avancé par la firme Global Hunter Securities?

C'est peu probable, selon des experts, étant donné que les producteurs d'or noir n'ont pas intérêt à voir leurs revenus diminuer. Mais, c'est le temps des Fêtes, et on peut rêver un peu.

Toujours plus de charbon

Une mauvaise nouvelle cependant: très polluant, le charbon est sur le point de devenir la première énergie consommée dans le monde.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) sonne l'alarme en prédisant que la consommation va croître à un rythme continu d'ici 2018.

«Continuer ainsi sans rien changer aura des conséquences immenses et tragiques» sur le réchauffement climatique, prévient l'organisme. Depuis 2000, 60% des émissions de CO2 sont liées au charbon utilisé pour la production d'électricité et de chaleur. L'AIE prévoit que la consommation progressera de 2,3% par an en moyenne, surtout à cause de la demande chinoise. Le charbon va même détrôner le pétrole comme première source d'énergie du monde.

Cette semaine sur la scène internationale

AUJOURD'HUI

Le point sur les dépenses des particuliers aux États-Unis: celles-ci ont probablement connu une accélération en novembre, selon un sondage de Bloomberg auprès d'économistes, le marché de l'emploi s'améliorant et soutenant la croissance des revenus. Les dépenses des consommateurs représentent environ 70% de l'économie américaine.

MARDI

Aux États-Unis, les ventes de maisons neuves se sont probablement maintenues près d'une valeur record sur quatre mois, en novembre, selon un sondage de Bloomberg auprès d'économistes. Celui-ci indique que les acheteurs ne sont pas découragés par la hausse des taux hypothécaires.

JEUDI

> La Banque de Corée dévoile l'indice de confiance des consommateurs pour le mois de décembre, après une augmentation ayant presque atteint un record des trois dernières années en novembre.

> Les 18 économistes sondés par Bloomberg s'attendent à ce que Taïwan maintienne son taux de référence à 1,875%, en soutien à la reprise économique de l'île.

VENDREDI

Bilan du coût de la vie au Japon: l'inflation de base pour le mois de novembre pourrait dépasser la barre du 1% pour la première fois depuis 2008. La Banque du Japon met en oeuvre des mesures sans précédent pour mettre fin à plus de 15 années de malaise causé par la déflation et atteindre une inflation stable de 2%.