L'Équateur a demandé à un tribunal d'arbitrage de La Haye de mettre fin à la «campagne de discrédit» de Chevron, affirmant que la compagnie américaine revendique à tort avoir obtenu gain de cause  auprès de cette instance internationale dans une affaire de pollution.

Poursuivi à l'origine par quelque 30 000 indigènes et agriculteurs, le géant pétrolier, condamné en Équateur à une amende record de 19 milliards de dollars pour des dégâts environnementaux en Amazonie, a annoncé cette semaine avoir été exonéré par la cour de La Haye.

Toutefois, le gouvernement équatorien réfute catégoriquement cette version. Le procureur général, Diego Garcia, qui agit en tant que défenseur de l'État, a adressé un courrier au tribunal pour l'en informer.

«L'Équateur avertit le tribunal qu'il doit empêcher Chevron de poursuivre cette stratégie», a déclaré M. Garcia à l'agence équatorienne Andes, reprochant à la compagnie de tenter de «distordre l'image du pays» et de «changer la réalité des processus arbitral ou judiciaire».

La compagnie a été condamnée en 2011 par la cour de la province amazonienne de Sucumbios (nord) à une amende record de 9 milliards de dollars dont le montant a été confirmé l'année suivante en appel, puis doublé au motif que l'entreprise n'avait pas présenté ses excuses.

La plainte avait été déposée par les communautés locales contre la compagnie Texaco, acquise en 2001 par Chevron, pour avoir pollué de vastes zones de la forêt amazonienne durant une période d'exploitation allant de 1964 à 1990.

Toutefois, Chevron récuse cette décision, invoquant l'absence de preuves scientifiques ainsi que la corruption d'un magistrat équatorien. Selon la société américaine, les dégâts environnementaux ont été provoqués par la compagnie d'État Petroecuador.

Le président de l'Équateur, Rafael Correa, un dirigeant socialiste critique envers les États-Unis, a lancé en réaction une campagne contre Chevron, appelant à un boycottage mondial de la compagnie pour avoir provoqué «un des pires désastres environnementaux de la planète».