L'or a atteint un nouveau creux en près de trois ans mercredi, toujours affecté par la perspective d'un resserrement de la politique monétaire extrêmement accommodante aux États-Unis et par un recul de la demande d'investissement dans le métal jaune.

Vers 5h30 (heure de Montréal), l'or est tombé à 1224,18$ US l'once, son minimum depuis le 24 août 2010.

L'once d'or a perdu près de 200$ US depuis début juin, dont plus de la moitié depuis jeudi dernier.

«La combinaison du renforcement du dollar, de l'amélioration de la situation économique (aux États-Unis) et la réévaluation des attentes du marché autour des mesures exceptionnelles de la (Fed) font chuter les prix», a résumé David White, courtier chez Spreadex.

La dégringolade du métal jaune a été provoquée par l'annonce, mercredi dernier, d'un possible calendrier de retrait des mesures de soutien exceptionnelles de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie des États-Unis.

La mise en oeuvre de ce calendrier est conditionnée à l'amélioration de la première économie mondiale, qui s'est vue confirmée mardi par la publication d'une série de bons indicateurs macroéconomiques américains.

«Cela rend d'autant plus probable que la Fed réduira de façon prématurée la taille de son programme de rachats d'actifs (actuellement de 85 milliards de dollars par mois, NDLR)», ont expliqué les analystes de Commerzbank.

La perspective d'un resserrement de la politique monétaire expansionniste de la Fed atténue les craintes d'une augmentation de l'inflation, renforce le dollar et pousse les taux des obligations d'État américaines vers le haut - trois conséquences négatives pour l'or.

Traditionnellement considéré comme un bouclier contre l'inflation, l'or devient d'autant moins attractif qu'il n'offre aucun rendement face à des actifs plus rémunérateurs.

Du coup, les investisseurs spéculatifs se détournent du métal jaune: «depuis le début de l'année, presque 565 tonnes d'or sont sorties des ETF (fonds d'investissement adossés à des stocks physiques d'or, NDLR)», rapportait-on chez Commerzbank.

Face à cette chute de la demande d'or «papier», c'est-à-dire sous forme d'actif financier et non matériel, la demande physique de métal jaune ne rebondit pas, en partie à cause des mesures mises en place en Inde - un tiers de la demande mondiale - pour limiter les importations d'or.

«Les achats officiels se poursuivent grâce aux banques centrales (...), mais ce sera certainement insuffisant pour compenser les ventes d'or de la part des investisseurs et des spéculateurs», a estimé Mitul Kotecha, analyste chez Crédit Agricole CIB.

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