Qu'est-ce qui augmente en même temps qu'on prépare nos bagages pour un week-end à la campagne? Les prix à la pompe, constate le CAA-Québec dans son bilan de l'évolution du prix de l'essence en 2012.

Dans son bilan de l'an dernier, le CAA-Québec n'avait pas trouvé de lien entre les hausses du prix de l'essence et le début de longs week-ends et des week-ends ordinaires, au grand dam de la plupart des automobilistes, qui considèrent que c'est une évidence. Le CAA vient de leur donner raison.

Cette année, «c'est beaucoup plus flagrant», explique Philippe St-Pierre, porte-parole du CAA-Québec.

Sur 12 hausses du prix à la pompe survenues un vendredi à Montréal, 8 ne pouvaient être expliquées par les raisons habituelles comme l'augmentation du prix à la rampe de chargement. À la veille d'un long congé comme celui de la fête du Canada, le scénario se répète. Trois des cinq hausses de prix survenues à Montréal à la veille d'un long congé n'ont aucune justification.

Il s'agit d'un phénomène montréalais, qui ne s'observe pas dans les autres grands marchés québécois comme Québec ou Sherbrooke. À Montréal, Québec et Sherbrooke, toutefois, les détaillants sont plus gourmands qu'ailleurs au Québec: leur marge moyenne est le double de celles observées dans les marchés plus petits des Laurentides, de Lanaudière et du centre du Québec.

À Sherbrooke, même si le prix de l'essence ne fluctue pas autant qu'à Montréal, les détaillants ont augmenté leur marge de 19%. Elle est passée de 5,7 cents le litre à 6,8 cents le litre entre 2011 et 2012. Pendant la même période, la marge des détaillants dans Lanaudière a baissé de 10%, soit de 4,2 cents le litre à 3,8 cents le litre.

Faux!

Les constatations du CAA-Québec n'ont pas ému les représentants de l'industrie. L'augmentation de la marge de détail ("6% en moyenne au Québec) s'explique par la diminution du nombre de points de vente, estime Sonia Marcotte, porte-parole de l'Association québécoise des indépendants du pétrole.

«Il y a moins d'acteurs qu'avant et moins d'indépendants», précise-t-elle. La marge de détail moyenne à Montréal reste inférieure à celle de Toronto, qui est de 6,3 cents, ajoute-t-elle.

Le problème avec le bilan du CAA-Québec, c'est qu'il compare des régions où sévissent des guerres de prix avec d'autres où la concurrence est plus normale. C'est ce qui explique la grande disparité des marges de détail, selon Sonia Marcotte.

Pour sa part, le vice-président de l'Association canadienne des carburants, Carol Montreuil, soutient qu'il est complètement faux d'affirmer que les prix à la pompe augmentent systématiquement à la veille des week-ends et des longs congés. «C'est complètement faux, d'ailleurs, le CAA disait le contraire l'an dernier», souligne-t-il.

Il se peut, selon lui, que ce soit arrivé en 2012, comme le dit l'organisme dans son bilan de 2012. «Leurs chiffres semblent dire ça, mais ce n'est pas une pratique courante, qui peut se vérifier sur une longue période temps», plaide-t-il, en ajoutant que de nombreuses études ont déjà été faites là-dessus, dont une par le Conference Board.

Le prix moyen du pétrole brut (le Brent) a augmenté de 0,7% entre 2011 et 2012. Le prix moyen de l'essence à la pompe a bondi de 5% au Québec pendant la même période.

Selon Carol Montreuil, la hausse du prix moyen à la pompe s'explique par l'augmentation de la marge des détaillants et par l'augmentation de la marge des raffineurs, qui était très basse en 2011.

«Les raffineurs de la partie est du continent sont toujours dans une situation difficile, même si leur marge s'est améliorée», explique Carol Montreuil.

Après Shell, c'est au tour d'Imperial Oil de vouloir fermer sa raffinerie de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, pour cause de non-rentabilité, a-t-il ajouté.

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L'essence en  un coup d'oeil (variation 2011-2012)

Prix moyen du brut en 2012 - 112,80$US (+0,7%)

Prix moyen à la pompe en 2012 à Montréal - 137,3 cents (+5%)

Marge moyenne des détaillants à Montréal - 5,9 cents (+2%)

Marge moyenne de raffinage - 12 cents (+32%)

Source: CAA