Le PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a reconnu mardi que la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 fragilise le réseau d'électricité et que des investissements seront nécessaires pour compenser cette perte.

Il a indiqué que des batteries de condensateurs devront être installées au poste de transport d'électricité de Bécancour. Ce qui coûtera «de 10 à 20 millions», a précisé M. Vandal devant la commission parlementaire qui étudie les impacts de la fermeture de la seule centrale nucléaire du Québec.

Dans son rapport rendu public le 5 octobre 2012 pour justifier l'abandon du projet de réfection de Gentilly-2, Hydro-Québec estimait pourtant qu'il fallait prévoir des investissements 10 fois plus élevés pour compenser la perte de la centrale.

«Les quelque 250 millions d'investissements, pour les ajouts et les renforcements requis sur le réseau de transport pour compenser l'effet stabilisateur de la centrale de Gentilly-2, peuvent être intégrés aux programmes d'investissements sur le réseau avec l'approbation de la Régie de l'énergie», lit-on dans ce rapport.

Ces investissements auront un impact à la hausse sur les tarifs d'électricité, reconnaît Hydro, mais cet effet sera «très marginal», assure-t-elle.

Avec ces investissements nécessaires dans les batteries de condensateurs, le réseau retrouvera sa stabilité d'avant la fermeture de la centrale, une installation de production située près des marchés de consommation. «Ça aura le même effet», a assuré le PDG d'Hydro qui a ajouté que le réseau venait de traverser sans problème une semaine de froid intense sans l'apport de Gentilly-2.

Thierry Vandal a par ailleurs confirmé qu'Hydro aura besoin de la centrale au gaz naturel de TransCanada Energy plus tôt que prévu en raison de la fermeture de Gentilly-2. Cette centrale, dont Hydro paie les coûts de fonctionnement depuis des années même si elle ne produit pas, «va opérer pendant un certain nombre d'heures à l'hiver 2015-2016», a dit M. Vandal.

Le grand patron d'Hydro a aussi assuré que la décision de ne pas rénover la centrale nucléaire n'était pas improvisée. Elle avait été prise avant l'élection du 4 septembre. Le calendrier de déclassement était même connu avant le 4 septembre, a-t-il précisé en réponse aux nombreuses questions qui lui ont été posées à ce sujet.

Même s'il était au courant de la recommandation d'Hydro-Québec, le gouvernement libéral de Jean Charest n'a jamais évoqué l'annulation de ce projet. Il a continué au contraire d'alimenter l'espoir de la région de profiter des retombées de la centrale, avant les élections et pendant la campagne électorale.

Le gouvernement péquiste, une fois élu, s'est empressé d'annoncer la fermeture de Gentillly-2 et a justifié sa décision un mois plus tard avec le rapport d'Hydro-Québec, qui estimait que le coût de la réfection avait augmenté considérablement.

De 8,6 cents le kilowattheure en 2008, le prix de l'électricité de source nucléaire est passé à 10,8 cents le kilowattheure en 2012, selon les calculs d'Hydro-Québec, ce qui rend le projet injustifiable sur le plan économique, a répété hier M. Vandal.

Le président n'a pas voulu comparer ce coût de 10,8 cents à celui de la production privée de source éolienne, de la biomasse ou de petites centrales hydroélectriques, qu'Hydro achète à un prix moyen de 12 cents le kilowattheure, malgré ses surplus. Ces achats résultent de décrets et de choix faits par le gouvernement, a-t-il dit, reconnaissant ainsi que ce n'est pas nécessairement un choix justifiable économiquement.

Le gouvernement de Pauline Marois s'est engagé à consacrer 200 millions à un fonds d'investissement pour compenser la perte de Gentilly-2, dont la disparition de 800 emplois directs très bien payés. Les intervenants jugent la mesure insuffisante, et réclament une prolongation de la vie de la centrale jusqu'à la fin de 2013 pour leur donner le temps de réagir.