Nemaska Lithium (V.NMX), qui veut construire une usine de transformation de lithium à Salaberry-de-Valleyfield, pourrait économiser plusieurs dizaines de millions de dollars grâce au congé fiscal de 10 ans annoncé dans le budget provincial, le 20 novembre.

Nemaska entend bâtir une mine de lithium à la Baie-James et une usine de transformation à Valleyfield. Le coût total prévu est de 454 millions, dont près de 300 millions pour l'usine. Et 300 millions, c'est justement le seuil pour qu'une usine puisse se qualifier au congé d'impôt provincial de 10 ans. La mine en tant que telle n'est pas admissible.

Pour l'instant, l'évaluation économique préliminaire (EEP) du projet de Nemaska, dévoilée cet automne, prévoit un investissement initial de 277 millions pour l'usine. Mais le président et chef de la direction, Guy Bourassa, explique que la société est en train de préciser son évaluation de l'investissement nécessaire. Si la somme reste sous les 300 millions, elle analysera s'il vaut la peine d'investir un peu plus pour avoir droit au congé fiscal sur l'impôt des sociétés.

Selon l'EEP, qui ne tient pas compte du congé fiscal, Nemaska devrait payer près de 80 millions en impôt provincial pendant les 10 premières années du projet. L'impôt est perçu à la fois sur les bénéfices de la mine et de l'usine, «mais le gros des impôts vient de l'usine», soutient M. Bourassa, en précisant qu'au moins 75% des profits viendront de la transformation.

Économies de 45 millions

Le «congé fiscal pour les grands projets d'investissements» est plafonné à 15% de l'investissement initial. Si Nemaska construit son usine au coût de 300 millions, la société pourrait vraisemblablement économiser 45 millions en impôt provincial et limiter sa facture à quelque 35 millions sur 10 ans. Elle paierait aussi 93 millions en redevances et 100 millions en impôt fédéral pendant la même période.

«On va tenir compte [du congé fiscal] dans l'analyse financière de l'étude de faisabilité qui doit être disponible en janvier, indique Guy Bourassa. Mais on ne s'énerve pas le poil des jambes avec ça. L'usine doit justifier par elle-même sa rentabilité économique et ne doit pas être tributaire [d'un programme gouvernemental]. Un autre ministre et ça pourrait tomber à l'eau.»

Nemaska espère construire une première phase de son usine de transformation d'ici la fin de 2013. À plein rendement, l'usine emploierait 75 personnes pour produire 30 000 tonnes d'hydroxyde et de carbonate de lithium. L'ensemble du projet de Nemaska (mine et usine) générerait des flux de trésorerie avant impôts de 1,8 milliard sur 18 ans, selon l'EEP.

Le titre de Nemaska Lithium, société de Québec, se négociait hier à 44 cents sur le TSX Croissance, en hausse de 1 cent. La société chinoise Tianqi possède 19% des actions.

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NEMASKA LITHIUM

> Siège: Québec

> Capitalisation boursière: 44 millions

> Principal actionnaire: Groupe Tianqi (Chine), avec 19% des actions

> Projet : Mine Whabouchi à Nemaska (Baie-James) et usine de fabrication d'hydroxyde et de carbonate de lithium à Salaberry-de-Valleyfield

> Investissement initial : 454 millions

> Revenus anticipés: 4,1 milliards sur 19 ans

> Valeur actuelle nette du projet : 567 millions (avant taxes, taux d'actualisation de 8%)

Source: Nemaska Lithium

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UN PIPELINE D'ACIDE SULFURIQUE

Un pipeline d'acide sulfurique pourrait bientôt relier deux usines de Salaberry-de-Valleyfield. L'affinerie de zinc CEZinc, qui produit de l'acide sulfurique en grande quantité, pourrait approvisionner l'usine projetée de Nemaska Lithium, dont l'acide est un élément essentiel du procédé. Les deux parties ont entamé les discussions à ce sujet. L'emplacement prévu de l'usine de Nemaska est juste en face de l'usine de CEZinc, dans le parc industriel et portuaire Perron, près du canal de Beauharnois. Étant donné la proximité des deux usines, un pipeline de 850 mètres serait une option attrayante pour limiter les coûts de transport. En 2011, CEZinc a produit plus de 400 000 tonnes d'acide sulfurique, principalement expédié par bateau. Nemaska Lithium aurait besoin d'environ 60 000 tonnes par année.