Le prix très bas du gaz naturel et les difficultés des gouvernements à boucler leurs budgets se sont ligués pour faire la vie dure aux énergies alternatives, particulièrement dans la filière solaire, qui vit une période difficile.

Aux États-Unis et en Europe, des projets de développement sont retardés, abandonnés ou réexaminés à la lumière des nouvelles conditions du marché de l'énergie.

Le bas prix du gaz naturel, qui réduit le prix de l'électricité sur le marché américain, ne nuit pas seulement aux exportations d'Hydro-Québec. Il refroidit aussi l'ardeur des développeurs d'énergie verte, dont le coût est plus élevé.

Le célèbre investisseur texan T. Boone Pickens, qui s'était converti avec enthousiasme à l'énergie éolienne, a mis ses projets de côté pour s'intéresser plutôt à l'utilisation du gaz naturel dans le secteur du camionnage.

La disparition possible des subventions du gouvernement américain, qui cherche des moyens de réduire son déficit, n'aide pas non plus l'industrie verte. La filiale américaine du manufacturier espagnol de turbines éoliennes, Iberdrola, a déjà commencé à réduire son effectif aux États-Unis, parce qu'elle s'attend à une chute de la demande.

«Les gens sont prêts à payer un peu plus cher pour de l'énergie verte, mais pas beaucoup plus cher», souligne Jacques L'Ecuyer, président et chef de la direction de 5N Plus, entreprise qui fournit la matière première aux fabricants de panneaux solaires.

De ce côté, c'est une véritable hécatombe. Les pertes s'accumulent chez les manufacturiers de panneaux solaires et plusieurs d'entre eux ont fermé boutique aux États-Unis et en Europe.

Selon Bloomberg, la valeur des entreprises du secteur solaire a chuté de 30 milliards US l'an dernier et cette hémorragie se poursuivra en 2012.

La demande de panneaux solaires a augmenté rapidement mais la production a augmenté plus vite encore. Les manufacturiers américains accusent les Chinois de pratiques commerciales illégales, qui ont eu pour résultat d'inonder le marché.

Cette surcapacité de production mondiale a fait chuter les prix et éliminé toute rentabilité chez les manufacturiers américains et européens. Même les Chinois peinent à rentabiliser leur production.

La baisse du prix des panneaux solaires a conduit les gouvernements à réduire les subventions accordées à cette filière. L'Espagne, aux prises avec de graves problèmes budgétaires, a ainsi suspendu son aide au développement d'énergie renouvelable.

L'Ontario, qui a dépensé beaucoup d'argent pour attirer des manufacturiers d'énergie éolienne et solaire, a décidé de réduire ses généreuses subventions. La province avait offert un des programmes d'aide parmi les plus généreux de la planète, en s'engageant à payer jusqu'à 42 cents pour chaque kilowattheure d'énergie verte développé sur son territoire.

On s'attend maintenant à une réduction de 30% de ce tarif garanti dans une décision gouvernementale attendue dans les prochaines semaines. Pour les promoteurs qui ont répondu à l'invitation de l'Ontario, le réveil sera peut-être brutal.

Innergex, producteur d'énergie renouvelable de Longueuil qui a profité du programme ontarien pour faire ses premiers pas dans le secteur solaire, a six autres projets en préparation, a indiqué Jean Trudel, chef de la direction des investissements.

Il s'agit d'investissements majeurs, dont la réalisation dépend des nouveaux tarifs. «Ça pourrait remettre en question nos investissements futurs dans la province», a-t-il fait savoir.

Selon lui, la conjoncture actuelle ralentit la percée des énergies renouvelables, mais à long terme, l'avenir est là.