Beaucoup d'entreprises salivent en pensant au Plan Nord, mais pas Boralex (T.BLX), qui n'y voit pas beaucoup d'occasions pour le secteur de l'énergie.

«Le Plan Nord, c'est loin», soupire Patrick Lemaire, président et chef de la direction du producteur d'énergie renouvelable, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires.

L'entreprise est sur le point d'encaisser 80 millions US de la vente de ses centrales américaines alimentées en résidus de bois et cherche à réinvestir cet argent dans de nouveaux projets éoliens.

Le Plan Nord prévoit le développement de 3500 mégawatts d'énergie renouvelable, dont 300 mégawatts de source éolienne. Cette énergie intéresse au plus haut point l'industrie minière, qui doit utiliser du diesel coûteux et polluant dans les endroits isolés. Une entreprise minière a d'ailleurs déjà sondé Boralex pour connaître son intérêt pour ce territoire.

Patrick Lemaire doute que de petits projets de production d'électricité, hydroélectrique ou éolienne, puissent être rentables aussi loin des lieux habités. Si le gouvernement fait un appel d'offres et divise les contrats entre plusieurs entreprises, ça ne marchera pas, prévoit-il. «Personne n'ira aussi loin pour faire 50 mégawatts, avec les coûts que ça implique», dit-il. Il faudra accorder de plus gros contrats pour assurer une rentabilité aux entreprises, selon lui.

Boralex ne ferme pas la porte au Plan Nord, mais son président estime que le peu d'information disponible ne permet pas d'échafauder des projets de développement. L'énergie qui proviendra du Nord sera plus coûteuse à produire et il faudra que quelqu'un paie pour ça.

Beaucoup de flou entoure encore le volet énergétique du Plan Nord. On sait qu'Hydro-Québec doit y investir massivement, mais on ignore si la société d'État paiera pour un réseau de transport et de distribution pour acheminer de l'énergie aux entreprises et aux communautés locales.

Boralex veut doubler sa production d'énergie d'ici 2015, surtout dans le secteur éolien. Avec son partenaire Gaz Métro, Boralex a commencé à construire un parc éolien de 700 mégawatts dans Charlevoix.

Les petites centrales hydroélectriques l'intéressent également, mais il y a moins de possibilités dans ce secteur, précise Patrick Lemaire. «Quand il y en a, c'est loin, et il faut encore les raccorder au réseau. Ce qui tue le projet, c'est la connexion au réseau.»

Avec la vente de ses centrales à la biomasse, Boralex ne sera plus active aux États-Unis. Elle garde un pied en France et aimerait en avoir bientôt un autre en Colombie-Britannique, où il se fait plus de petits projets hydroélectriques qu'au Québec. Mais à court terme, sa présence augmentera surtout dans sa province d'origine.

«Notre plus grande expansion est made in Quebec dans les années à venir», dit Patrick Lemaire.

Boralex abandonne la filière de la biomasse forestière, qui a déjà été la vedette des énergies renouvelables. Aux États-Unis, les bas prix du gaz naturel ont entrainé la chute des prix de l'électricité, ce qui a nui à la filière. Patrick Lemaire ne mise pas sur une remontée prochaine des prix du gaz naturel.

Au Québec, la filière de la biomasse s'est tarie, mais pour d'autres raisons. «Quand on regarde ce qui se passe dans le secteur du bois, il y a moins de scieries, moins de sociétés papetières et moins de biomasse disponible», explique Patrick Lemaire.

Les branches et les autres résidus laissés par les coupes forestières sont trop coûteux à aller chercher. «Personne n'est prêt à payer ce que ça coûte», résume-t-il.