Le Plan Nord ne fait pas rêver uniquement les sociétés minières. Le programme de multipropriété d'avions Airsprint, déjà en plein essor au Québec, pourrait connaître un élan supplémentaire avec le développement du nord du Québec.

«Ce sont 80 milliards qui seront investis au cours des 25 prochaines années, s'enthousiasme Fernand Croisetière, vice-président d'Airsprint, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Il y a beaucoup de développement qui va se faire. Ça va nous aider à développer notre réseau là-bas.»

Airsprint est une version canadienne des grands programmes de multipropriété d'avions présents aux États-Unis, comme NetJets, une filiale de la société de portefeuille Berkshire Hathaway de Warren Buffet, et Flexjet, une filiale de Bombardier. Les clients de ces entreprises peuvent acheter une fraction d'un avion d'affaires, ce qui leur donne droit à un certain nombre d'heures de vol par année. C'est l'entreprise qui s'occupe de l'embauche du pilote, de sa formation, de l'entretien de l'appareil, etc.

Mais alors que NetJets et Flexjet offrent une gamme complète de biréacteurs, dont des appareils très luxueux, Airsprint offre seulement deux types d'avions, soit un appareil turbopropulsé suisse, le Pilatus PC-12, et un petit biréacteur, le Citation Excel de Cessna. Ces avions plus modestes sont davantage à la portée de la bourse des Canadiens.

Environ 150 clients se partagent près d'une trentaine d'appareils au Canada. Au Québec, près d'une trentaine de clients participent au programme et génèrent plus de 20 % du chiffre d'affaires de l'entreprise. Le programme a connu une croissance plutôt rapide dans la province. D'une part, le Québec a un grand territoire. D'autre part, les liaisons aériennes commerciales ne sont pas nécessairement à la hauteur.

«Il faut souvent passer par Toronto, déplore M. Croisetière. Un trajet Montréal-Boston est tellement facile en aviation privée, ça prend 50 minutes. Mais avec des vols commerciaux, ça prend la journée au grand complet.»

Il donne l'exemple d'un client qui voulait faire visiter une mine de Lebel-sur-Quevillon à des investisseurs américains. Il a envoyé un avion cueillir les investisseurs à l'aéroport de Teterboro au New Jersey en matinée pour les amener directement à la mine et pour les ramener en fin de journée au New Jersey.

«Le Pilatus Pc-12 permet de faire cela, note M. Croisetière. C'est ça, la valeur ajoutée.»

Le Plan Nord permettrait de multiplier de telles initiatives.

«Cela devrait entraîner une belle expansion à Québec, à Sept-Îles et au nord du Québec», déclare le vice-président d'Airsprint.

Il ajoute que l'entreprise lorgne du côté des Premières nations.

«Nous nous attendons à ce qu'ils deviennent des clients dans le futur, explique-t-il. Ils deviennent des gestionnaires, des hommes d'affaires. Je pense que nous verrons une occasion de croissance assez phénoménale.»

Airsprint s'attend à doubler sa flotte au cours des cinq prochaines années. À la demande des clients, la direction étudie la possibilité d'ajouter un troisième type d'appareil à sa flotte, de la taille d'un Challenger 300 de Bombardier ou d'un Gulfstream G200. Un tel appareil permettra d'effectuer des vols plus longs, de la côte est à la côte ouest du continent.

Airsprint profitera du congrès de la National Business Aviation Assocation, en octobre prochain à Las Vegas, pour faire du magasinage, mais elle pencherait du côté du Challenger 300.

«C'est l'appareil que nos pilotes préfèrent», confie M. Croisetière.

La commande d'Airsprint porterait sur trois appareils.

Les dirigeants d'Airsprint ont entrepris de percer le marché américain en créant une compagnie soeur à Phoenix, en Arizona. Les nouveaux biréacteurs et les Cessna Citation demeureront cependant de ce côté-ci de la frontière.

«Nous ne voulons pas entrer en concurrence avec les Netjets et les Flexjet aux États-Unis, explique M. Croisetière. Nous offrons uniquement des Pilatus, des avions moins chers.»