La suspension de la production de la centrale au gaz de Bécancour coûte de plus en plus cher à Hydro-Québec, malgré la baisse du prix du gaz naturel. Comme Hydro n'en aura pas besoin avant 2020, un spécialiste suggère de la vendre à l'Ontario.

Hydro-Québec a redemandé encore une fois cette année à la Régie de l'énergie d'approuver la suspension de la production de cette centrale, parce qu'elle croule sous les surplus et qu'elle n'a pas besoin de cette électricité.

Devant la Régie, Hydro a fait valoir qu'à cause du prix très bas du gaz naturel, qui dicte le prix de l'électricité sur le marché américain, il lui est impossible d'exporter à profit l'électricité produite par la centrale de Bécancour.

Pourtant, malgré le prix très bas du gaz naturel, le coût que doit assumer Hydro pour suspendre les activités de la centrale grimpe chaque année depuis 2010.

La centrale appartient à Trans-Canada Energy qui a conclu un contrat de 20 ans avec Hydro-Québec. Elle n'a pour ainsi dire jamais fonctionné en raison des surplus qui s'accumulent chez Hydro-Québec. La production de la centrale est suspendue depuis 2008, ce qui a déjà coûté environ 1 milliard de dollars à la société d'État.

Hydro doit verser à TransCanada Energy la même somme que si elle prenait livraison de l'électricité produite. Une partie de cette compensation est fixe et représente le coût du capital, soit 125 millions par année.

L'autre partie est liée au prix du gaz et tourne autour de 50 millions par année.

C'est cette partie variable qui augmente d'année en année. Elle était de 50,6 millions en 2010, de 53,5 millions en 2011 et Hydro prévoit qu'elle atteindra 57,1 millions en 2012.

Selon les explications obtenues auprès de la société d'État, le prix du gaz naturel est en baisse, mais les autres composantes du coût variable, comme le transport et la distribution, sont en hausse, ce qui fait grimper la facture totale.

Aussi, Hydro doit payer de plus en plus cher pour acheter de l'énergie sur les marchés pendant les mois d'hiver, ce qu'elle n'aurait pas besoin de faire si la centrale au gaz de Bécancour fonctionnait.

Hydro a beau nager dans les surplus, son réseau ne fournit pas à la demande en hiver et elle doit acheter de l'énergie au prix fort pendant cette période.

Jusqu'en 2020

Hydro-Québec prévoit être en situation de surplus jusqu'en 2020. Cela veut dire qu'elle pourrait être obligée de payer 200 millions par année pendant encore neuf ans, soit 1,8 milliard de plus, pour suspendre la production de la centrale de Bécancour.

Pour réduire ces coûts, des discussions sont en cours avec TransCanada Energy pour faire fonctionner la centrale de Bécancour pendant les mois d'hiver seulement.

Il y aurait une autre solution, selon le spécialiste en énergie Jean-Thomas Bernard, de l'Université d'Ottawa.

«Cette centrale n'a plus sa raison d'être pour Hydro. Le meilleur usage qu'on pourrait en faire, c'est de la vendre à l'Ontario qui en a besoin et qui doit en construire de toute façon», soumet-il.

Acheter une centrale déjà construite coûterait moins cher à l'Ontario qu'en construire une nouvelle, explique-t-il. L'équivalent de l'énergie produite à Bécancour pourrait transiter par le réseau de transport existant, sans qu'il y ait besoin de construire une nouvelle ligne. Les deux parties y gagneraient, selon lui.