Les prix du pétrole ont chuté lundi à New York, plombés par un net renforcement de la monnaie américaine, sur fond de regain d'angoisse sur les marchés face à la crise budgétaire en zone euro.  

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet a terminé à 97,70 dollars, en baisse de 2,40 dollars par rapport à vendredi.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a lâché 2,29 dollars à 110,10 dollars.

«Un fort renchérissement du dollar et une intensification de l'aversion au risque mettent la pression sur les prix du pétrole», ont résumé les analystes de Commerzbank.

«Cela a été déclenché par une nouvelle escalade de la crise de la dette des pays périphériques de la zone euro», ont-ils expliqué.

Le renforcement de la devise américaine rend le brut plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises. Le billet vert était poussé à la fois par son statut de valeur refuge et par la faiblesse de l'euro lundi, alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent dans la région.

L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé pendant le week-end à «négative» la perspective de la note de l'Italie, tandis que sa concurrente Fitch a réservé le même sort à la Belgique lundi.

Les marchés continuent de craindre une possible restructuration de la dette de la Grèce, à l'impact potentiellement catastrophique pour le système financier de la région.

Sur le front des indicateurs, l'indice PMI des directeurs d'achats de la zone euro est tombé à son plus bas niveau en sept mois, reflétant un ralentissement de la croissance de l'activité privée.

«L'attention des investisseurs se reporte sur la fragilité de la reprise économique et les conséquences pour la croissance de la demande» de pétrole, a estimé Mike Fitzpatrick, de Kilduff Report.

En Chine, deuxième pays consommateur d'or noir, l'indice PMI de la banque HSBC a aussi révélé un ralentissement de la croissance de l'activité manufacturière, à son plus bas niveau en dix mois.

«Si le dollar continue de se renforcer, cela pourrait mettre davantage de pression sur les cours, mais la vérité, c'est que l'économie mondiale continue de croître», a tempéré Jason Schenker, de Prestige Economics.

«Il est difficile de croire que (la crise européenne) peut faire dérailler l'ensemble de l'économie mondiale. Et si l'économie mondiale continue de croître, les prix vont finir par augmenter», a-t-il ajouté.

Les opérateurs du marché pétrolier surveillent également l'éruption du volcan islandais Grimsvötn, craignant des perturbations du trafic aérien qui affecteraient la demande de kérosène.

Selon l'Institut météorologique britannique, le Met Office, les cendres pourraient arriver sur «le Nord et l'Ouest de l'Ecosse dans la nuit et demain (mardi) matin» et des «perturbations» dans le trafic aérien sont à attendre.

«Les opinions sont partagées quant aux répercussions potentielles. L'éruption est plus forte que celle qui a conduit à une fermeture importante de l'espace aérien européen pendant six jours en avril de l'an dernier, mais les vents sont plus favorables, et le nuage est décrit comme plus lourd et moins susceptible de se propager», ont estimé les analystes de JPMorgan.

Par ailleurs, «les autorités ont été très critiquées pour être trop prudentes en fermant les aéroports l'an dernier, elles devraient donc réagir de manière plus mesurée cette fois», ont-ils relevé.