L'imposition de mesures environnementales pour lutter contre les changements climatiques créerait davantage d'emplois qu'elle n'en éliminerait, selon l'Institut Pembina.

Dans un rapport publié aujourd'hui, le groupe environnementaliste réfute ainsi l'argument du gouvernement conservateur, à Ottawa, selon lequel le fait d'imposer des contraintes à l'industrie des sables bitumineux serait néfaste pour l'économie canadienne et très coûteux au chapitre des emplois.

«L'industrie pétrolière et gazière est le secteur qui a la plus forte intensité capitalistique du Canada, ce qui veut dire que si vous dépensez plus en machinerie, en énergie, en équipement, vous dépensez moins en main-d'oeuvre», explique l'auteure du rapport Réduire la pollution, créer des emplois, Clare Demerse.

En analysant différentes études, l'Institut Pembina conclut que les énergies renouvelables, comme le solaire et l'éolien, génèrent davantage d'emplois que les combustibles fossiles. Or, le gouvernement fédéral a toujours refusé d'imposer des limites à l'expansion de la polluante industrie des sables bitumineux, plaidant son importance économique pour l'Alberta et l'ensemble du Canada.

«Lorsque le gouvernement subventionne (comme c'est le cas actuellement) les combustibles fossiles, ce n'est pas un bon investissement au chapitre des emplois, soutient Mme Demerse. Si on retire les investissements publics de l'extraction pétrolière et gazière pour les dépenser dans d'autres secteurs, on va presque certainement créer plus d'emplois.»

Dans son rapport, elle estime que, si le gouvernement avait consacré 100 % des 16 milliards de dollars du Plan d'action économique en énergie verte plutôt qu'en infrastructures, Ottawa pourrait avoir créé jusqu'à trois fois plus d'emplois, soit 238 000 plutôt que 84 000.

Les projets «verts» n'ont représenté que 8,3 % des dépenses gouvernementales pour stimuler l'économique, créant ainsi près de 20 000 emplois, soutient le rapport. En comparaison, la Chine a consacré 38 % de ses investissements aux énergies propres.

Ainsi, le prochain budget fédéral, qui doit être déposé le 22 mars, constituera un test pour le gouvernement conservateur de Stephen Harper, vivement critiqué pour son bilan dans la lutte contre les changements climatiques.

Selon les environnementalistes, le gouvernement «doit faire les bons choix», non seulement pour l'environnement, mais aussi pour les travailleurs canadiens.

«Et ça veut dire sabrer les subventions aux combustibles fossiles et soutenir l'énergie propre», souligne Mme Demerse.

Si le gouvernement veut atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre - de 17 % par rapport à l'année de référence 2005 d'ici à 2020 - , il devra mettre rapidement en place un plan crédible, croit-elle.

Mais l'Institut Pembina suggère aussi, dans son rapport, la nécessité de concevoir un plan de transition, notamment pour préparer les communautés dépendantes des combustibles fossiles et former les employés qui seront nécessaires à la mise en valeur de ces secteurs « verts » de l'économie, comme l'énergie éolienne ou solaire, l'efficacité énergétique, etc.

«Je pense qu'il y a un rôle pour le gouvernement dans cette transition, dit Clare Demerse. Autrement, le Canada risque de passer à côté de quelque chose. D'autres pays sont beaucoup plus actifs et avancés dans cette transition. On doit agir maintenant, et sur le long terme.»

Le secteur énergétique (pétrole, gaz, électricité) emploie au Canada près de 300 000 travailleurs, soit 1,8 % de la population active, selon les chiffres de l'Institut Pembina.