La production d'hydrocarbures libyens a commencé à ralentir mardi à cause de l'insurrection qui frappe le pays, risquant de déstabiliser encore plus un marché du pétrole déjà fébrile malgré les promesses de l'Arabie saoudite, qui assure qu'il n'y aura pas de pénurie.

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Les prix du pétrole s'envolaient de 5,3% mardi midi à New York, où les marchés étaient fermés la veille, face aux violents affrontements qui touchaient la Libye, un important pays producteur.

Vers 12H00, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en mars s'échangeait à 95,02 $, en hausse de 5,30 $ par rapport à vendredi.

«Le marché est inquiet face à la menace d'une guerre civile», a commenté Phil Flynn, de PFG Best.

Le groupe espagnol Repsol a annoncé mardi qu'il suspendait sa production de pétrole en Libye. Une décision qui pourrait affecter environ 20% de la production quotidienne libyenne, selon une estimation.

Le groupe italien ENI, premier producteur étranger d'hydrocarbures dans le pays, a également annoncé la suspension temporaire de «certaines» de ses activités et l'interruption des livraisons de gaz à travers un gazoduc reliant la Libye à l'Italie.

La Libye était en proie mardi au chaos en raison de l'insurrection contre le dirigeant Mouammar Kadhafi. Les violences qui secouent le pays depuis une semaine auraient fait plusieurs centaines de morts, selon les différents bilans.

Les promesses rassurantes du premier producteur de pétrole de l'Opep, l'Arabie saoudite, ne semblent pas réellement avoir apaisé les marchés.

Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaimi, a déclaré qu'il «n'y a pas de pénurie en ce moment sur le marché, mais s'il y avait une diminution de l'offre, en raison de perturbations dans des pays producteurs, les pays de l'Opep, comme l'Arabie saoudite, accroîtront leur production».

Les États-Unis ont appelé l'ensemble des pays producteurs de pétrole dont ceux de l'Opep, à extraire plus de barils.

Sur le terrain, la production a commencé à pâtir de la situation.

Repsol a annoncé qu'il suspendait son activité. «Nous avons suspendu aujourd'hui (mardi) nos opérations en Libye», a déclaré un porte-parole.

En 2009, la production nette du groupe était de 34 777 barils de pétrole par jour en Libye. Repsol ne disposait que de chiffres de productions nets, correspondant à la part qu'il perçoit sur l'exploitation de ses puits, sans compter toute la production perçue par la Libye au titre d'impôts, versés par Repsol, opérateur du champ d'El-Sharara.

Selon une source industrielle interrogée par l'AFP, la décision du groupe espagnol pourrait en réalité signifier le blocage de la production d'environ 300 000 barils par jour, soit près de 20% de la production libyenne, évaluée entre 1,5 et 1,8 million de barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Le groupe italien ENI a de son côté annoncé que «certaines activités de production de pétrole et de gaz naturel ont été temporairement suspendues à titre de précaution». De même, la fourniture de gaz par la gazoduc Greenstream (entre le Libye et l'Italie) est interrompue.

ENI, qui produit environ 244 000 barils par jour (nets en 2009) en Libye n'a toutefois pas précisé quels étaient les sites concernés par cette suspension, ni l'impact sur la production du pays.

La Libye, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est l'un des quatre principaux producteurs d'Afrique. Elle compte les plus grosses réserves de pétrole du continent (44 milliards de barils), et Tripoli est surtout un important fournisseur des pays européens.