La production pétrolière irakienne a dépassé pour la première fois depuis plus de 20 ans 2,6 millions de barils par jour (mbj), l'objectif étant d'atteindre entre 10 à 12 mbj d'ici six ans pour faire de l'Irak le deuxième producteur des pays de l'OPEP.

«Aujourd'hui, notre production dépasse les 2,6 mbj, un chiffre jamais atteint depuis plus de 20 ans», a déclaré lundi le nouveau ministre irakien du Pétrole Abdel Karim al-Louaybi, lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Hussein al-Chahristani, devenu vice-premier ministre.

M. Chahristani, qui a signé dix contrats d'exploitation avec des compagnies étrangères, avait indiqué en juin viser une production comprise entre 10 à 12 mbj d'ici à six ans, contre 2,3 mbj alors, ce qui ferait de l'Irak le deuxième producteur de l'Opep derrière l'Arabie saoudite.

«Nous allons faire en sorte de respecter les délais et que le niveau de production atteigne le niveau prévu avant la date fixée», a affirmé lundi M. Louaybi, un ingénieur qui fut durant quatre ans vice-ministre du Pétrole.

Il a annoncé son intention «de réactiver l'exploration pétrolière et les études géologiques pour renforcer la production nationale» et a indiqué que le pays disposerait «bientôt» de quatre raffineries «ce qui permettrait à l'Irak, non seulement d'être autosuffisant, mais d'exporter des produits pétroliers».

Le porte-parole du ministère du Pétrole Assem Jihad a précisé à l'AFP que des études étaient en cours pour construire une raffinerie à Nassiriya d'une capacité de 300 000 baris par jour, une à Kerbala de 140 000 b/j, une à Missane de 150 000 b/j et une à Kirkouk de 150 000 b/j.

«J'espère que les plans seront bientôt terminés afin de lancer les appels d'offres et qu'elles (les raffineries) seront opérationnelles dans trois à cinq ans», a-t-il précisé.

M. Jihad a confirmé que l'Irak allait construire une série d'oléoducs au terminal de Bassora pour accroître les exportations de 1,8 à 4,5 mbj. Une partie devrait être terminée à la fin 2011.

Par ailleurs, il a indiqué que son pays projetait de construire deux oléoducs ainsi qu'un gazoduc qui traverserait la Syrie jusqu'à la mer Méditerranée.

La confusion demeure concernant l'avenir des contrats signés depuis 2004 par le Kurdistan irakien avec des compagnies pétrolières étrangères, un dossier qui l'oppose à l'Etat fédéral.

«L'approbation de ces contrats n'a pas été discutée», a dit lundi M. Jihad.

Il a rappelé qu'au début 2010, des discussions menées par l'Etat fédéral avec le gouvernement autonome du Kurdistan avaient abouti à un accord au terme duquel Bagdad s'engageait à payer les coûts de production des compagnies ayant investi en Irak et que 150 000 b/j du pétrole extrait du Kurdistan seraient exportés par le ministère du Pétrole.

M. Louaybi avait affirmé samedi, en marge d'une réunion de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OAPEP) au Caire, que Bagdad allait reconnaître les contrats signés par le Kurdistan irakien.

«Oui, nous les reconnaîtrons», avait répondu M. Louaybi, interrogé par Dow Jones Newswires.

Le gouvernement autonome du Kurdistan a signé 37 contrats avec 40 compagnies - soit un investissement total prévu de 10 milliards de dollars - notamment dans la prospection et la production de pétrole, selon les informations communiquées par le ministre de la région chargé des Ressources Naturelles, Ashti Hawrami.

Le Kurdistan irakien avait commencé le 1er juin 2009 à exporter du pétrole pour la première fois de son histoire, dans un climat d'hostilité avec Bagdad qui nie à sa province le droit de signer des contrats sans son aval, avant de suspendre ces exportations en octobre 2009.