Les prix du pétrole ont reculé à New York vendredi, à la veille d'une réunion des pays exportateurs, alors que les investisseurs s'inquiètaient de voir les autorités chinoises prendre des mesures pour freiner l'inflation.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en janvier a terminé à 87,79$, en recul de 58 cents par rapport à la veille.

À Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 51 cents 90,48$.

La Chine a publié les chiffres de son commerce extérieur pour novembre, marqués par des exportations et importations à des niveaux record. Le marché pétrolier a surtout scruté les importations de brut, qui ont bondi de 22% sur un an à 5 millions de barils par jour, comme de produits raffinés, qui ont progressé à 350 000 barils par jour.

«La fermeté des importations chinoises ont renforcé la confiance du marché, mais l'annonce d'une hausse du taux des réserves obligatoires des banques ont refroidi», ont noté les analystes de JPMorgan.

C'est la sixième fois cette année que la banque centrale relève ce taux, un nouveau signe pour les investisseurs que les autorités cherchent à freiner l'inflation. Le marché pétrolier craint qu'en luttant contre une surchauffe de leur économie, les responsables chinois ne freinent la croissance de la demande du deuxième consommateur de pétrole dans le monde.

«Je pense que la demande chinoise peut, et va, se calmer, a commenté Antoine Halff, de Newedge Group. Le marché a tendance a être très sensible à toutes les nouvelles en rapport avec la Chine, et il y a un effet réflexe dès qu'il y a une information» la concernant.

«Cela dit, il y a une sorte de fétichisme autour de la Chine sur le marché, c'est devenu le porte-drapeau de la croissance mondiale, a-t-il tempéré. Je crois qu'on pourrait assister à un ralentissement de la croissance chinoise et malgré tout voir une forte croissance mondiale tirée par d'autres économies», comme l'Inde, l'Amérique latine, le Proche et Moyen-Orient.

L'attention du marché se portera sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui devrait probablement décider samedi à Quito de maintenir inchangés ses quotas de production.

Cette réunion intervient alors que le baril a dépassé les 90$ en début de semaine à New York pour la première fois en deux ans.

«Le choc positif qu'a constitué l'évolution de la demande et l'érosion des excès de stocks commence enfin à se refléter dans les prix du pétrole», ont noté les analystes de Barclays Capital.

Dans son rapport mensuel, publié vendredi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a de nouveau revu en hausse sa prévision de demande mondiale pour 2010 et 2011, respectivement à 87,4 et 88,8 millions de barils par jour.

Elle a noté le renforcement de la consommation en Amérique du Nord et en Asie, ainsi qu'une fin d'automne particulièrement rigoureuse, notamment en Europe.

L'Agence a également revu en hausse son estimation de production, la capacité mondiale devant passer selon elle de 91,4 mbj en 2009 à 98 mbj en 2015. Les prévisions de croissance de l'offre hors Opep d'ici 2015 ont été doublées depuis juin.

Le cartel des pays exportateurs a également publié vendredi son rapport mensuel, et revu à la hausse ses prévisisions de demande, à 85,93 millions de barils pour 2O10 dans le monde et 87,1 millions de barils l'année prochaine.