La Chine est chiche de son tungstène, autre métal dont elle dirige la très grande partie de la production mondiale. Malaga, minière montréalaise active au Pérou, en profite. Poussé par la montée du prix de la ressource, son titre a triplé depuis le début du mois de septembre à la Bourse de Toronto (T.MLG).

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Le tungstène est recherché pour sa résistance à la chaleur (filaments d'ampoules électriques), mais surtout parce qu'il est le plus dur des métaux - utile pour renforcer des outils lourds comme des têtes de forage.

Sauf que le tungstène est dans le même bateau que les terres rares, ces minéraux utilisés dans les appareils de haute technologie: la Chine dirige 80% de la production globale et limite significativement les exportations, rapporte le plus récent U.S. Geological Survey. Mais la demande mondiale n'en grimpe pas moins.

Depuis cette fermeture chinoise, au début des années 2000, le prix du tungstène est passé de 50$US par UTM (unité tonne métrique, environ 10 kg) à 325$US aujourd'hui.

Au moins, plusieurs mines sont en exploitation ailleurs dans le monde, dont au Pérou. Malaga, née de la scission de Mines Dynacor, y a acheté la mine Pasto Bueno en 2005. La famille Malaga exploitait depuis les années 40 cette mine nichée dans les Andes, mais avait cessé les activités en 1995.

«Ils avaient soutiré six millions de tonnes de minerai à partir de six veines durant toute l'exploitation, raconte le président de Malaga, Pierre Monet. Quand on a acheté, l'un de nos géologues a identifié 78 veines, dont 28 sont considérées comme importantes.»

Malaga a relancé la mine en 2006 et a récemment doublé son rythme de production. Elle a signé un contrat avec Global Tungsten & Powders, filiale du groupe autrichien Plansee, qui s'engage à acheter la totalité de sa production au prix du marché jusqu'en 2014.

Malaga devrait produire environ 80 000 UTM en 2010, estime Pierre Monet. La production devrait dépasser les 100 000, voire 120 000 UTM en 2011. Cela représente de 1 à 2% de la production mondiale. En excluant la production chinoise, c'est plus de 10% du marché.

Bientôt des profits?

Les coûts d'exploitation de Malaga, qui profite de sa propre centrale hydroélectrique et d'un minerai avec peu de contaminants, étaient de 129$US par UMT pour les neuf premiers mois de l'année. Ils pourraient descendre à 105$US en 2011, avance Pierre Monet. De sorte que Malaga pourrait générer de 12 à 15 millions l'an prochain. Et toucher ses premiers profits.

Car pour l'instant, Malaga perd de l'argent. «Comme nous n'avons pas fait beaucoup d'exploration jusqu'à maintenant, nos réserves sont bonnes pour deux ans et demi d'exploitation au maximum, explique M. Monet. Nous sommes donc obligés de comptabiliser nos amortissements sur cette période assez courte. Nous avons des flux de trésorerie positifs, mais nous avons des coûts d'amortissement énormes de plus de 50$ par UMT.»

Au fur et à mesure que Malaga exploitera la propriété et définira de nouvelles réserves, ce qu'elle compte faire à court terme, les coûts d'amortissement diminueront. Tandis que le prix du tungstène devrait encore augmenter, soutient Pierre Monet. «Il n'y a pas de projet important de nouvelle mine avant 2015, souligne-t-il. Un prix de 400$US l'UMT, ce n'est pas farfelu.»

John Kaiser, éditeur de la lettre financière Kaiser Bottom Fish, place une recommandation d'achat spéculatif pour Malaga, avec une cible de 0,60$ sur un an. «Le marché a commencé à considérer l'enjeu de la sécurité des approvisionnements, comme dans le cas des terres rares», note M. Kaiser.

La firme d'investissement minier américaine Resource Capital Funds, qui gère 1,8 milliard US d'actifs, détient 18,2% des actions de Malaga. Sprott Asset Management, de Toronto, possède 10% de l'entreprise.