Parce que les clubs de motoneiges et de quads de la région ont donné leur appui au projet de parc éolien d'Enerfin, dans les Bois-Francs, leurs membres sont maintenant interdits de passage sur les terres d'une vingtaine de propriétaires fonciers de la région.

La querelle qui empoisonne la vie des résidants des villages de Saint-Ferdinand, Sainte-Sophie et Saint-Pierre-Baptiste depuis plus de deux ans continue de dégénérer. « C'est la seule arme qui nous reste pour se défendre «, explique Yvon Bourque, un des propriétaires du coin très opposés à la construction d'un parc de 50 éoliennes dans leur région.

Yvon Bourque, 59 ans, exploite une érablière de 9000 entailles dans la région. Il verra 23 des 50 éoliennes autour de chez lui, plus un poste de transformation et une ligne de transport pour l'électricité. Malgré son opposition et celle d'une bonne partie de la population, le projet d'Enerfin a reçu l'aval de la Commission de protection du territoire agricole. Cette décision est maintenant contestée devant le Tribunal administratif du Québec.

En attendant l'issue de ce recours, Yvon Bourque et une vingtaine d'autres agriculteurs et propriétaires fonciers ont décidé de passer à l'action et d'interdire le passage des motoneiges et des quads sur les sentiers qui font normalement leurs délices. « Les motoneigistes et les quadistes représentent une contrainte pour les propriétaires, les éoliennes et les pylônes, une autre contrainte, c'est soit un ou l'autre, pas les deux «, se justifie le groupe opposé aux éoliennes.

Leur action arrive à point nommé, parce que les clubs de motoneiges sont actuellement en plein recrutement pour l'hiver qui vient. « C'est très, très dérangeant «, admet le directeur général de Tourisme Bois-Francs, Alain Provençal.

La motoneige et le quad sont des activités très importantes dans les régions québécoises, où elles génèrent des retombées économiques importantes. C'est la raison pour laquelle les adeptes de ce type de loisir sont souvent pris en otages dans les débats.

Actuellement, les membres de l'Union des producteurs agricoles (UPA) menacent d'interdire leurs terres aux motoneigistes de tout le Québec s'ils n'obtiennent pas gain de cause dans le litige qui les oppose au gouvernement du Québec au sujet de la réforme de l'assurance-récolte.

« On se retrouve pris dans le conflit «, déplore Patrick Boucher, président de l'Association des motoneigistes du Québec. En 2005, l'UPA avait brandi le même genre de menaces et les membres de l'association étaient allés manifester devant le Parlement pour faire pression sur le gouvernement du Québec. Une entente avait finalement été conclue peu avant le début de la saison de motoneige.