Le groupe pétrolier BP (BP), englué dans la marée noire du golfe du Mexique depuis avril, a semble-t-il sondé des investisseurs en vue de se protéger contre une possible OPA hostile, sans envisager toutefois une augmentation de capital dont il n'a pas besoin pour l'instant.

Depuis lundi, des articles de journaux indiquent que le groupe, qui a perdu la moitié de sa valeur en deux mois (il valait mardi 64 milliards de livres - 102 milliards de dollars CAN), sonde les investisseurs, et notamment des fonds souverains orientaux, pour les encourager à prendre une participation ou à renforcer leur participation actuelle dans BP, afin de l'aider à résister à un éventuel assaut.

Car après une telle chute en Bourse, et malgré les incertitudes qui planent sur le coût définitif de la marée noire, un rachat de BP à bas prix pourrait susciter les convoitises. Les analystes citent l'américain Exxon, première compagnie pétrolière et première entreprise mondiale par la capitalisation, comme un possible prédateur, de même que Shell ou Total, quoique ce dernier ait démenti étudier ce rachat.

BP, à qui la marée noire a déjà coûté 3,12 milliards de dollars et qui a promis aux Américains d'en placer 20 milliards en trois ans dans un fonds dédié à la catastrophe, ne s'est pas publiquement inquiété d'une possible offre publique d'achat. Néanmoins, une porte-parole a confirmé mardi à l'AFP que la compagnie «accueillait volontiers de nouveaux actionnaires, ainsi que les actionnaires existants qui souhaiteraient augmenter leur part».

Elle a démenti néanmoins une rumeur d'augmentation de capital: «Nous n'émettons pas de nouveaux titres», a-t-elle dit.

BP a déjà indiqué avoir de toute façon parfaitement les moyens de réunir les 20 milliards de dollars, en supprimant des dividendes cette année, en augmentant son programme annuel de cessions d'actifs et en réduisant ses investissements pendant un an ou deux.

Ainsi un voyage éclair du directeur général, Tony Hayward, à Bakou en Azerbaïdjan mardi, a servi à «réitérer l'engagement de BP» dans le pays, et non, semble-t-il à préparer des ventes d'actifs, alors que le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, s'était dit intéressé le mois dernier par les 25,5% de BP dans Shah Deniz, le plus vaste gisement gazier azerbaïdjanais.

Ilham Shaban, directeur du Centre des études pétrolières à Bakou, pense en revanche que M. Hayward a pu demander, en échange de son engagement, que le riche Fonds d'Etat pétrolier du pays prenne des parts dans BP.

Les investisseurs ne semblent cependant pas tous d'accord sur l'opportunité de mettre de l'argent dans BP. Alors que le responsable libyen du pétrole, Choukri Ghanem, aurait indiqué lundi à l'agence Dow Jones qu'au prix actuel, un placement dans BP lui paraissait une excellente affaire qu'il allait recommander au fonds souverain libyen, la même agence a cité mardi un officiel koweïtien comme estimant que «ce n'était pas forcément une bonne idée d'augmenter la part actuelle» de l'émirat qui détient 2,8% de BP.

Et tandis que les analystes de RBS recommandaient mardi d'acheter des actions BP, «excessivement déprimées» selon eux, le Times assurait que le gouvernement britannique était en train de mettre au point un possible scenario-catastrophe pour le groupe, qui emploie plus de 10 000 personnes au Royaume-Uni (80 000 dans le monde), qui veille sur des actifs énergétiques stratégiques pour le pays et a rapporté au Trésor 5,8 milliards de livres (9,3 milliards de dollars CAN) d'impôts l'an passé.

Le gouvernement n'a pas voulu confirmer de telles discussions.