Après des mois de flottement, la société en commandite Gaz Métro (TSX:GZM.UN) a finalement annoncé mardi qu'elle allait se transformer partiellement en société par actions.

A la clôture de la réorganisation, prévue à la fin septembre, les membres du public qui détiennent des parts de la société en commandite recevront, pour chaque part qu'ils possèdent, une action de la nouvelle société par actions.

A l'instar des porteurs de parts actuellement issus du grand public, la future société par actions détiendra 29 pour cent du capital de Gaz Métro. Les 71 pour cent restants continueront d'appartenir à l'entreprise albertaine Enbridge (TSX:ENB), à la Caisse de dépôt et placement du Québec, au géant français GDF Suez, au Fonds de solidarité FTQ, à SNC-Lavalin (TSX:SNC) et à des caisses de retraite.

Il est prévu que la future société par actions, qui n'a pas encore été baptisée, paiera un dividende annuel de 1 $ par action. A l'heure actuelle, la société en commandite verse chaque année des distributions qui totalisent 1,24 $ par part.

Selon Gaz Métro, le dividende annuel de 1 $ par action vaudra plus, après impôts, que les distributions actuelles, du moins pour les contribuables québécois qui sont imposés au taux le plus élevé. Il équivaudrait en fait à des distributions annuelles de 1,31 $.

Cette réorganisation est rendue nécessaire par la décision d'Ottawa, annoncée en octobre 2006, d'éliminer les avantages fiscaux accordés aux fiducies de revenu et aux sociétés en commandite à partir du 1er janvier 2011. La vaste majorité des entreprises ainsi structurées ont déjà annoncé leur conversion en société par actions.

Le distributeur de gaz a indiqué mardi qu'il prévoyait continuer à remettre la quasi-totalité de son bénéfice net à ses actionnaires. «Nous avons une bonne visibilité quant à notre capacité de maintenir le dividende de 1 $ à l'avenir», a assuré le chef des finances de Gaz Métro, Pierre Despars, au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

«On s'attendait largement à une baisse de la distribution et il est clair que le futur dividende aurait pu être moins élevé que le 1 $ annoncé», a commenté l'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins.

Gaz Métro a précisé qu'en maintenant le statu quo, la distribution annuelle aurait fondu à environ 85 cents par part.

La future société par actions, à laquelle on a temporairement donné le nom anglais de Newco, pourra porter son dividende annuel à 1 $ par action grâce à une injection spéciale de 20 millions $ que lui consentira Gaz Métro au cours des trois prochaines années, qui représentera 15 cents par action de Newco.

Au bout de trois ans, Gaz Métro estime que les flux de trésorerie qui proviendront du projet éolien de la Seigneurie de Beaupré lui permettront de maintenir le dividende à 1 $ par action. L'arrangement dévoilé mardi prévoit d'ailleurs que Newco pourra acquérir 49 pour cent de la participation de Gaz Métro dans le projet.

Autres avantages

La direction de Gaz Métro a souligné mardi que la nouvelle entreprise allait être en mesure d'adopter des stratégies d'expansion et d'acquisition à l'extérieur de ses activités actuelles, qui sont restreintes à la distribution du gaz au Québec et au Vermont ainsi qu'à la production, au transport et à la distribution d'électricité dans le petit État frontalier.

«Obtenir des contrats à long terme avec des entités dotées de fortes cotes de crédit et qui produiront des flux de trésorerie stables, c'est le genre de choses que Newco envisagera probablement», a expliqué la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu.

La dirigeante n'a pas donné plus de détails, mais elle a précisé qu'il ne s'agissait pas d'accroître le profil de risque de l'entreprise.

En outre, la nouvelle structure protégera mieux les actionnaires minoritaires en cas d'offre publique d'achat, soutient Gaz Métro.

Pierre Lacroix a reconnu que l'annonce de mardi apportait plus de clarté sur l'avenir de Gaz Métro, mais il a rappelé que l'entreprise avait toujours besoin d'émettre de nouvelles actions pour financer l'acquisition de Green Mountain Power, conclue en 2007, et le développement du projet éolien de la Seigneurie de Beaupré.

«Cela pourrait continuer de peser sur les parts», a-t-il prévenu.

La réorganisation proposée par Gaz Métro devra être approuvée par au moins 66,3 pour cent des porteurs de parts de la société en commandite lors d'une assemblée extraordinaire prévue en septembre, ainsi que par la Cour supérieure du Québec.

Gaz Métro est le principal distributeur de gaz naturel au Québec avec 180 000 abonnés, en plus d'en desservir 136 000 autres au Vermont.

Les parts de Gaz Métro ont gagné mardi 8 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 15,85 $.