Le Québec fait déjà miroiter son électricité bon marché aux industriels pour les attirer chez lui. Mais il serait peut-être temps qu'il joue aussi la carte climatique à fond en faisant savoir au monde entier que son énergie, en plus d'être peu coûteuse, n'émet pas de gaz à effet de serre.

C'est ce que croit le Cleantech Group, groupe de consultants qui conseille entre autres les multinationales du Fortune 100 sur les questions environnementales.

«Le Québec parle d'énergie pas chère pour attirer les alumineries. Il devrait parler d'énergie propre pour attirer tout le monde qui veut être carboneutre», a dit à La Presse Affaires Nicholas Parker, cofondateur et président du conseil du Cleantech Group.

M. Parker raconte qu'il se trouvait en Allemagne il y a deux semaines, où BMW parlait du véhicule électrique qu'elle compte commercialiser d'ici 2015. Avec son partenaire, le fabricant de fibres de carbone SGL Group, BMW a annoncé la création d'une usine qui manufacturera les matériaux destinés à la fabrication de la voiture.

L'usine sera installée à Moses Lake, dans l'État de Washington. Pourquoi? Parce que BMW souhaite non seulement fabriquer un véhicule qui n'émettra pas de gaz à effet de serre, mais veut s'assurer que les matériaux qui composeront la voiture seront aussi fabriqués sans émettre de carbone dans l'atmosphère. Et Moses Lake tire son énergie... de l'hydroélectricité.

«Agir de façon durable fait partie de notre stratégie d'entreprise. Nous portons une attention à toute la chaîne de valeur. Ainsi, l'énergie nécessaire à la production des fibres de carbone viendra d'une source d'hydroélectricité propre», a dit Friedrich Eichiner, membre de la haute direction de BMW.

«Quand j'ai entendu ça, j'ai dit: wow, dit M. Parker. Je leur ai demandé: les gars, pourquoi vous n'allez pas au Québec? Ils m'ont répondu: l'État de Washington a un bureau de développement économique, et blablabla. Ça a allumé une lumière dans mon cerveau.»

Selon lui, BMW sera bientôt suivie d'une myriade d'entreprises qui exigeront que leurs fournisseurs utilisent une énergie verte. Et le Québec devrait se dépêcher de se positionner dans ce marché de façon beaucoup plus agressive.

Les sables bitumineux: une opportunité?

M. Parker a également profité de son séjour à Ottawa, où se déroulait la semaine dernière le tout premier sommet sur les technologies propres au pays, pour aborder LE sujet tabou dans un tel congrès: les sables bitumineux.

Selon lui, cette importante source d'énergie devrait servir de catalyseur au développement d'une industrie canadienne de capture et de stockage de CO2 qui deviendrait un leader mondial.

«Les conversations tournent autour de deux choses au Canada. Un: est-ce que les changements climatiques sont réels? Deux: est-ce qu'on devrait exploiter les sables bitumineux? Come on, a lancé M. Parker. On sait que les changements climatiques sont réels, et on sait qu'on va exploiter les sables bitumineux. Travaillons à partir de là et développons une exploitation des sables bitumineux carboneutre.»

Mercredi, une étude du Conference Board révélait justement que l'Alberta attirera 6,1 des 11,8 milliards de dollars qui seront investis dans les technologies propres au pays d'ici quatre ans.